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Assises du Hainaut : Pour le ministère public et les parties civiles, Sébastien De Leenheer est un assassin

Assises du Hainaut : Pour le ministère public et les parties civiles, Sébastien De Leenheer est un assassin

Les parties civiles et le ministère public ont demandé, mercredi, aux jurés de la cour d'assises du Hainaut de prononcer la culpabilité de Sébastien De Leenheer pour l'assassinat d'Aurélie Montchery, commis à Châtelet, le 1er novembre 2019. Ils ont demandé aux jurés de répondre affirmativement à toutes les autres questions posées.

Sébastien De Leenheer est aussi poursuivi pour le port d'un couteau et d'un pistolet factice, pour le vol de la carte bancaire de la victime, son utilisation pour retirer la somme de 650 euros, de coups portés à sa compagne et à sa fille mineure, harcèlement et menaces. 
L'accusé est en aveux d'avoir porté une vingtaine de coups de couteau à son ex-compagne, déclarant qu'il avait vu rouge quand elle lui a annoncé qu'elle voyait un autre homme. La circonstance aggravante de préméditation est l'objet des débats. "La rage sur le moment n'empêche pas la réflexion avant", répond Stéphanie Dutrifoy, substitute du procureur du roi de Charleroi déléguée pour représenter l'accusation. 

L'accusatrice estime que l'intention d'homicide est prouvée par l'arme utilisée (un couteau), les coups de briques qui ont occasionné des fractures au crâne, les zones visées par les coups de couteau (ventre, thorax, visage), l'acharnement dont a fait preuve l'accusé et la force exercée pour tuer la victime. 
Elle retient aussi que la préméditation est établie, à l'instar de Me Nabil Khoulalène, pour les parties civiles. Les deux parties chargées de l'accusation rappellent qu'Aurélie a mis fin à cette relation le jour de son dépôt de plainte à la police, soit le 24 septembre 2019. "Elle avait une peur bleue de lui. Le 1er novembre, elle ne l'aurait jamais suivi là où il l'a amenée. Il lui a tendu un piège, car il avait décidé de la tuer", affirme l'avocat qui qualifie le crime de "massacre".  

La magistrate ajoute, témoignages à l'appui, qu'Aurélie n'a plus jamais accepté de voir Sébastien, seule. Elle ne croit pas l'accusé qui a déclaré, lundi, qu'il avait eu une relation sexuelle avec la victime, la nuit précédant le crime. L'expertise ADN confirme qu'ils n'ont eu aucune relation. 
La magistrate persiste et signe: l'accusé savait, bien avant le 1er novembre, qu'il avait un concurrent. "Le jour des faits, il a épié la victime toute la matinée et sa voiture n'est jamais tombée en panne. Le seul moyen pour que la victime le conduise à son garage, c'est d'avoir été forcée de le faire". 

Au sujet des autres préventions reprochées à l'accusé, la représentante du parquet relève que les déclarations de la victime ont été confirmées par de nombreux témoins lors du procès. Plusieurs ont vu des traces de coups sur le corps et le visage de la victime, durant sa vie commune avec l'accusé, lequel avait une véritable emprise sur elle, au point de choisir ses vêtements ou de la surveiller sur son lieu de travail, un magasin de bricolage. 
"Au lieu d'une remise en question, il a préféré assassiner une mère de famille, se présentant en victime. C'est typique des auteurs de violence conjugale", insiste la magistrate. 

Avant Aurélie, une autre femme avait vécu le même calvaire avec l'accusé. "Cette femme l'a dit, il ne s'en prend qu'aux femmes, et toujours quand la porte est fermée". Pour la magistrate, les préventions de coups sont établies, autant à l'égard d'Aurélie qu'à l'égard de sa fille mineure. Les faits de harcèlement sont aussi établis, pour l'accusation. 

La représentante du ministère public retient aussi les menaces avec ordre ou sous conditions, "si elle refuse de le voir, il va l'enterrer et lui enlever ses enfants". Stéphanie Dutrifoy note que, durant un mois, Aurélie ne s'est jamais rétractée.

La défense de Sébastien De Leenheer conteste la circonstance aggravante de préméditation

Me Isabelle Vander Eyden, avocate de Sébastien De Leenheer, a contesté la circonstance aggravante de préméditation, retenue par les autres parties au procès. Sébastien. L'intention d'homicide n'est pas contestée par la défense. Mais celle-ci reste persuadée que Sébastien De Leenheer n'a pas envisagé d'ôter la vie d'Aurélie Montchery, avant de se retrouver face à elle dans son garage. L'accusé prétend qu'il a vu rouge quand Aurélie lui a dit qu'elle avait un autre homme dans sa vie. "C'est un crime de possession, pas passionnel."

Le 24 septembre 2019, Aurélie a déposé plainte contre Sébastien. Celui-ci n'a pas respecté les conditions imposées par le juge d'instruction, le lendemain. Il s'est rendu chez les parents de la victime où, ont-ils dit, des menaces ont été proférées contre Aurélie. "Il voulait discuter avec elle, arranger les choses, s'excuser. Pourquoi se met-il en colère? Parce que les gens présents sur place refusent de lui dire où se trouve Aurélie."

Sébastien est placé sous mandat d'arrêt le soir-même. Il sort de la prison de Jamioulx, le 22 octobre. "On n'est plus face à un homme en colère, mais face à un homme désespéré qui ne sait plus quoi faire pour récupérer celle qu'il aime, il est presque obsédé."

Le lendemain, Sébastien a rencontré Aurélie chez des amis. Ils n'étaient pas seuls. Ils ont discuté. Selon un témoin, il lui a demandé si elle l'aimait encore. Elle a répondu que oui, mais il fallait lui laisser du temps. Elle a accepté deux baisers sur la bouche. "Dans la tête de mon client, l'espoir se mélange au désespoir", déclare l'avocate. 

Durant la semaine précédant le crime, l'accusé s'est présenté trois fois chez les parents d'Aurélie. Elle ne lui adressait pas la parole. L'accusé prétend qu'ils se sont rencontrés sur une aire de jeux, dans la semaine. C'est confirmé par la fille de la victime. Ils ont discuté. 

L'accusé prétend qu'il a vu Aurélie, la nuit précédant le crime. Pour son avocate, c'est fort probable. Celle-ci constate qu'Aurélie n'a pas appelé la police, cette semaine-là, alors qu'un coup de fil suffisait pour le renvoyer à l'ombre. 

L'avocate revient sur une lettre, écrite par l'accusé, le jour des faits. "Elle ne signe pas un projet criminel, elle signe un projet suicidaire."

Selon les autres parties, Sébastien a suivi sa victime, le 1er novembre dès le matin. Aurélie est filmée en train de faire son plein d'essence, elle est seule. "Pourquoi fait-elle son plein au Cora de Châtelineau, où il erre, alors que ce n'est pas sur sa route? Ils ont dû avoir un contact."

L'avocate remarque que, le 24 octobre, l'accusé a créé un profil Snapchat, messagerie dans laquelle les messages lus s'effacent. Aurélie figure dans ses contacts. "Elle a dû l'accepter", constate l'avocate. "Quand ils arrivent dans l'allée de garages, il faut ouvrir une barrière. C'est lui qui sort du véhicule pour l'ouvrir. Tout me laisse penser qu'elle a accepté d'aller sur les lieux en sa compagnie", insiste l'avocate qui estime que l'endroit n'est pas aussi isolé que ça. 

"Et pourquoi fixer un rendez-vous à un homme à son garage, le jour des faits, s'il prépare un crime à cet endroit? Cela ne colle pas", estime l'avocate.  

Les répliques auront lieu jeudi matin. Le jury sera envoyé en délibération dans la foulée.

Belga


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