C'est la grande affaire depuis hier...Une phrase extraite d'une interview accordée par le président du PS Paul Magnette au magazine flamand Dag Allemaal a suscité de nombreuses réactions politiques mardi, principalement au nord du pays.
"J'ai parfois l'impression que les Flamands veulent en faire trop", a-t-il lancé, en réponse à une question portant sur la différence de taux de chômage entre la Wallonie et la Flandre. "Je le comprends d'une certaine manière: pendant des siècles, il y a eu de la pauvreté, et apparemment c'est dans les gènes de travailler le plus dur possible... parfois au détriment de son propre bonheur".
Et de poursuivre après une boutade se moquant des clichés entre Wallons et Flamands : "Beaucoup de Wallons se demandent pourquoi ils reportent si longtemps leur bonheur. Les Wallons aiment profiter de la vie. Est-ce mal ?"
Cette sortie du carolo, qui a déjà annoncé son intention de briguer le poste de Premier ministre si la famille socialiste arrivait en tête des élections en 2024, est mal passée au nord du pays.
"La Vivaldi parfaitement résumée", a tweeté le président de la N-VA Bart De Wever. "Il est temps pour nous, en tant que Flamands, de dire un "non" clair à cela. Il est temps que les Régions deviennent financièrement responsables de leur propre "jouissance".
Le propos a aussi suscité la réprobation au sein de la majorité fédérale, singulièrement à l'Open Vld, parti qui occupe actuellement le Seize rue de la Loi avec Alexander De Croo.
Le ministre flamand des Affaires intérieures Bart Somers le juge "inapte à être Premier ministre" dans un tweet relayé par son président de parti Egbert Lachaert.
Le président du CD&V Sammy Mahdi s'est de son côté contenté de relayer la réaction de la cheffe de groupe des Engagés Catherine Fonck : "quelle caricature lamentable".
Même chez Groen, peu habitué aux sorties à caractère communautaire, le propos ne passe pas. "Cela n'a vraiment aucun sens. C'est une insulte aux Belges vivant en Flandre et en Wallonie", a tweeté le co-président des verts flamands Jeremie Vaneeckhout.
Une fable revisitée pour le MR
Côté francophone, le MR a dans un premier temps réagi par la voix de la ministre Valérie Glatigny : "monter les Belges du Nord et du Sud les uns contre les autres, et oublier au passage les très nombreux Wallons et Bruxellois pour qui le travail est source d'accomplissement personnel et de fierté: pour une vision d'avenir du pays, on repassera!".
En début de soirée, le président des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez estimait que son homologue socialiste revisitait la fable de la cigale et la fourmi. "Cessez de résumer le francophone à un profiteur. Le francophone veut bosser, ce que le PS empêche !"
"Il doit y avoir quelque chose qui m'échappe dans la stratégie promotionnelle de ceux qui se voient Premier ministre", a ironisé le président de DéFI François De Smet.
"Paul Magnette ferait mieux de défendre classe travailleuse de tout le pays plutôt que de monter les Régions les unes contre les autres", a renchéri le président du PTB Raoul Hedebouw.
Depuis quelques jours, la thématique communautaire refait surface en Flandre, à moins d'un an et demi des élections fédérales et régionales de 2024.
Dans son interview à Dag Allemaal, Paul Magnette avait aussi évoqué des points communs entre les Belges issus des différentes Régions :
"Il n'y a pas si longtemps, j'étais à Marseille. Ses habitants ont moins en commun avec les Wallons que les Flamands avec les Wallons. Tout comme les Flamands ont moins de points communs avec les Néerlandais qu'avec les Wallons. Il y a tellement de choses qui nous relient, et pas seulement le football ou la nourriture. La Belgique a de nombreux atouts. Nous sommes l'un des pays les plus riches et les moins inégalitaires du monde. En 2030, la Belgique existera depuis deux cents ans. Je vois le gouvernement Vivaldi comme un plan décennal, avec l'objectif d'avoir un pays plus efficace."
Dans la soirée, l'intéressé a tenu à relativiser le propos sur Twitter.
"Prendre la chute d'une blague pour une déclaration politique, où est-on ?"
Paul Magnette y voit la "confirmation qu'il n'y a pas de place pour le second degré en politique. Et encore moins quand on fait exprès de ne pas comprendre."
Source: Belga