A Châtelet, la société Sambre Services a 17 ans. Elle vient de s’offrir de nouveaux locaux, après une période de crise éprouvante mais qui ne lui aura pas été fatale. Les choses rentrent petit à petit dans l’ordre comme nous l’explique son président, Michel Mathy, aussi échevin de l’emploi. Il s'interroge aussi, comme d'autres, sur l'utilisation qui a été faite des subsides octroyés par les pouvoirs publics lors de la crise sanitaire.
La société Sambre Services a commencé ses activités en 2004, à l’initiative conjointe de la Ville de Châtelet, du CPAS et de l’ALE. Elle a bénéficié du soutien de la SOWECSOM (Société Wallonne d’Economie Sociale Marchande).
Michel Mathy déjà échevin de l’emploi veut mettre la main à la pâte, mais il ne veut pas d'une société totalement publique et pas totalement marchande non plus. Il créera avec ses partenaires une coopérative à responsabilité limitée et à finalité sociale.
« Je voulais sécuriser le projet à deux niveaux. D’une part, certaines personnes ne veulent pas demander le secours du CPAS ou d’une ALE. D’autre part, je voulais rassurer les opérateurs locaux puisque nous n’étions pas là pour prendre le boulot des aide-ménagères, ni des travailleurs sociaux. Nous avons donc associés tout le monde pour plus de complémentarité. »
Un modèle qui plait, qui fait des petits et grandit
En 2007, la ville de Thuin et son bourgmestre de l’époque, Paul Furlan, séduit par l’initiative encourage la création de Sambre Services 2, actuellement installée à la Drève des Alliés.
« Dans un premier temps, nous étions dans des locaux que nous louions à Thuin et nous avons décidé d’acquérir il y a trois ans à Thuin, un bâtiment à la Drève des alliés. Nous l’avons rénové et fait une véritable centrale de repassage. Aujourd’hui, nous faisons la même chose à Châtelet dans d’anciens locaux du logis chatelettain avec, ici en plus, deux logements à l’étage pour l’Agence immobilière sociale. »
Car, c’est avant tout le bien-être des travailleurs que recherche Michel Mathy. Le secteur des titres services est très concurrentiel. Les titres-services sont vendus 9 euros et remboursés 23 euros par la Wallonie, avec la différence il faut faire tourner la boutique.
« Chaque travailleur chez nous, a en moyenne 1,50€ de plus que le barème de la commission paritaire et c’est très bien. c’est même insuffisant au vue de la pénibilité du travail. Les bénéfices que nous pouvons dégager, nous préférons les réinvestir dans la brique ou au cas où les subventions viendraient à manquer. »
La crise Covid a ralenti l’activité des titres-services
Et durant la crise sanitaire justement, l’activité a été arrêtée nette. Quant à la reprise elle fut plutôt lente.
« Chez nous, durant la crise sanitaire, il n’y a pas eu de chômage pour force majeure toutes les travailleuses ont pu percevoir leur salaire complet. Nous avons quand même eu une période d’arrêt, des personnes plus âgées sont malheureusement décédées et lorsque l’on a pu retravailler, les personnes plus âgées, aussi, hésitaient à reprendre quelqu’un chez elles. Mais nous sommes en train doucement de revenir à la normale. »
Fin juillet, suite à des irrégularités constatées en Flandre, la Fgtb Wallonne s’inquiétait de l’utilisation des subsides accordées à ces sociétés pour faire face à la crise sanitaire.
Les pouvoirs publics ont dégagés plusieurs millions de subsides notamment pour l’achat de matériel de protection pour les travailleuses.
"Force est de constater que ces subsides n'ont pas été utilisés à bon escient. Pire, certaines entreprises du secteur n'ont pas hésité à les 'détourner' pour améliorer leurs comptes et ceux des actionnaires", notait il y a deux semaine la FGTB dans son communiqué, demandant par la même occasion que des contrôles soient effectués à Bruxelles comme en Wallonie.
Michel Mathy ne dit pas autre chose, il ne comprend pas comment des dividendes ont pu être versés par certaines sociétés à leurs coopérateurs.
« Nous sommes quand même dans un monde où il y a des grands groupes qui ont 5000 travailleuses, chez nous avec 51 travailleuses et une trentaine sur Thuin, nous sommes une moyenne structure. Il y a eu beaucoup de regroupement de sociétés, il y a eu une rationalisation du secteur, avec pour chacune des objectifs forts différents. Malgré la crise certaines de ces sociétés ont réussi à donner des dividendes à leurs coopérateurs, pas chez nous, alors que c'est quand même un secteur fortement soutenu par les secteurs publics, il faut le dire. »