L’annonce a fait l’effet d’une bombe au sein de l’entreprise : la société de construction active dans le domaine du travail sous terre Votquenne, qui siège à Trazgenies, dépose le bilan ! Les syndicats n’ont été informés de la nouvelle que jeudi dernier par mail, sans aucune explication préalable.
Ce matin, une audience était déjà programmée devant le tribunal des entreprises de Charleroi, les syndicats étaient donc présents en délégation, avec les travailleurs, pour se faire entendre.
« C’est seulement jeudi dernier, via un mail, que les délégués ont été informés du dépôt de bilan. C’est vraiment scandaleux. Aujourd'hui, le président du tribunal des entreprises devait se prononcer sur la demande de cette société, par ce dépôt de bilan, d'aller vers une faillite. Grâce à notre intervention, le tribunal va réfléchir. Le juge a reporté le dossier à quinzaine en fonction de l'analyse de certains éléments », se réjouit Carlo Briscolini, secrétaire régional de la FGTB.
Parmi ces éléments : l’absence de communication envers les travailleurs. Un mail qui comprend quelques lignes afin d’annoncer que la société dépose le bilan, et sans précisions, c’est une surprise qui passe mal.
« On ne peut pas annoncer une telle nouvelle du jour au lendemain ! En tant que travailleurs, nous avons aussi des difficultés. S’ils nous l’avaient dit il y a quelques mois, nous aurions pu chercher un autre travail. Nous sommes très mal », témoigne Adem Kot, un travailleur.
« On bafoue totalement les principes de la loi qui stipulent que, dans un cas pareil, la direction doit se concerter avec les représentants des travailleurs pour expliquer, motiver, argumenter, détailler les raisons qui la poussent à déposer le bilan. Or, cela n'a pas été respecté », regrette Fabrizio Carpino, secrétaire régional de la CSC bâtiment.
Faillite ou pas faillite ?
Malgré un dossier complet, la faillite n’a donc pas été prononcée par le juge qui a annoncé la mise en continuation du dossier dans 15 jours. D’ici là, une analyse de la viabilité de l’entreprise va être réalisée. Un administrateur pourrait être mis en place.
« Même si ces 2 dernières années il y avait des pertes, il y a encore des valeurs disponibles. On pourrait donc poser la question d'une éventuelle viabilité de l'entreprise à certaines conditions. Aussi, à côté de la société qui est mise en liquidation, il existe aussi une autre société qui n'est pas touchée. Il faut pouvoir voir clair dans cette situation », précise Carlo Briscolini.
« Les actionnaires précisent qu'ils ont des difficultés avec l'Onem qui leur met la pression, car ils ont trop de chômage temporaire. J'en prends acte, nous pourrions négocier. Si nous pouvons obtenir un peu de largesse, cette entreprise pourra aller chercher le fameux chantier qu’elle prévoit en juin 2024 et qui permettrait de sauver l'emploi de ces travailleurs », ajoute Fabrizio Carpino.
Dans 2 semaines, 2 scénarios possibles : soit la faillite, soit une possibilité de viabilité pour l’entreprise. À l’issue de l’audience, les secrétaires régionaux ont pu s’entretenir avec les actionnaires de l’entreprise. Une réunion est prévue jeudi, date à laquelle les activités de la société reprendront, en attendant la décision finale.
A.P.