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Développement de l'aéroport de Lille : les députés wallons sont inquiets

 Développement de l'aéroport de Lille : les députés wallons sont inquiets

Le député PS, Mourad Sahli a interpellé hier le ministre wallon du budget et des finances MR Jean-Luc Crucke sur l’impact éventuel que l’aéroport de Lille pourrait avoir sur nos aéroports wallons. La réponse du ministre va dans le sens des inquiétudes du député.  Il n’a pas voulu négliger la concurrence que peut constituer les ambitions affichées par l’aéroport français, mais il prône le dialogue. 

Récemment, la presse relayait l'information selon laquelle le groupe Eiffage venait de décrocher la gestion de l'aéroport de Lille-Lesquin pour les 20 prochaines années. Le groupe entend investir pas moins de 170 millions d'euros dans le développement de cet aéroport, dont une majeure partie dans les trois prochaines années, c'est-à-dire à l'horizon 2024, notamment, dans le cadre de l'extension de l'actuelle aérogare. 

Objectif : voler la vedette à Charleroi ? 

On ignore si l’objectif de l’investisseur est de concurrencer BSCA, mais cela semble inévitable à partir du moment où il affiche une ambition forte d’augmentation du trafic aérien de 25 %.

Le groupe français annonce que ce développement restera contrôlé et n'impactera pas la fréquentation des aéroports wallons. 

Toutefois, le député wallon rappelle qu’« il y a lieu d'y rester attentif (…) d'autant plus que d'importants investissements ont été réalisés ces dernières années, en vue de la construction du nouveau terminal de BSCA. De même, des projets ambitieux tels que l'allongement de la piste sont sur le point de se concrétiser »

La réponse du ministre 

Le ministre MR Jean-Luc Crucke est conscient du problème et inquiet au même titre que le député PS face aux ambitions du groupe Eiffage de doubler la fréquentation actuelle, passant de 2,2 à 4,4 millions de passagers d’ici quelques années avec seulement 25 % de vols supplémentaires. 

170 millions d’euros seront investis à Lille. Une stratégie ambitieuse dont le but est également de faire revenir sur Lille les passagers des aéroports belges, la zone de chalandise concernée par cet objectif étant identifiée à 60 minutes en voiture, soit un potentiel de 8 à 12 millions de voyageurs

« La menace pour BSCA est à mon sens évidente. La zone de chalandise de Lille est ainsi identique à celle de Charleroi et nombre des compagnies aériennes qui y opèrent ainsi que les routes qui y sont desservies sont identiques à celles opérées au départ de BSCA ». 

Des règles du jeu inégales 

Deux aéroports dans une zone de chalandise rapprochée, cela ne serait pas en soi problématique si les deux aéroports opéraient dans des conditions de marché identiques. Les aides au démarrage qui pourraient à l'avenir être octroyées à des compagnies aériennes opérant au départ de Lille risquent ainsi fortement de concurrencer les opérations au départ de BSCA. 

D’autre part, il semblerait que les exploitants de l'aéroport lillois aient à s'acquitter d'une redevance de concession de l'ordre de 4 millions d'euros par an, alors que la Commission européenne a fixé le montant de la redevance due par l'aéroport de Charleroi à plus de 15 millions d'euros par an. Cette différence interpelle la société de gestion, et ce d'autant plus que l'aéroport de Charleroi occupe une superficie plus faible. 

Les règles du jeu sont inégales, la question d'une éventuelle distorsion de concurrence pourrait donc se poser.

Suite à une initiative du ministre fédéral des Aéroports, des contacts sont en cours entre la DGTA et la DGAC, la Direction générale de l'aviation civile en France, section Nord, afin de mettre en place un forum de discussion qui devrait intégrer les autorités de Tournai et la Région wallonne pour les aspects environnementaux. 

BSCA travaille actuellement à la concrétisation d'un masterplan à l'horizon 2025-2035 qui devra bien entendu intégrer dans ses prévisions ce risque de concurrence supplémentaire. L'aéroport de Liège n'est quant à lui pas concerné. 

« Clairement, je considère que les ambitions affichées ne doivent pas être négligées. Il y a longtemps que j’attire l’attention des gestionnaires de Charleroi sur la présence d’un aéroport à la frontière franco-belge, c’est-à-dire à Lille. Cette fois-ci, avec le changement d’opérateur, d’actionnaire, qui est un actionnaire privé bien connu, mais dont les reins sont extrêmement solides aussi, la question doit être abordée à la fois d’une manière stratégique mais aussi d’une manière opérationnelle. » 

Lille et Charleroi ont sans doute à gagner à travailler ensemble. Et le ministre de rappeler toute l’importance que le MR avait rappelé en son temps, d’une liaison ferroviaire entre Lille et Charleroi.

Le 20 janvier, Hugues Bayet le député-Bourgmestre de Farciennes s'exprimait sur le même sujet, en direct dans notre JT 

 


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