Nous terminons cette semaine d'idées cadeaux avec La Roulotte, une initiative de Marianne Smolders qui a fait de la récupération de tissus son art. Notre portrait du jour conclut une longue série qui nous a permis de mettre en lumière le travail de Christine chez Chris'tiss à Gilly, de Sophie Dupont de Sotiz, nous vous avons fait découvrir la boutique De passage installée cette année à Ville 2, les kits de Marie Gilles, des colibris dégourdis, et les créations de Stéphanie pour Sky & Abyss.
"J’étais un peu bloquée du dos à la maison pendant plusieurs semaines et plus moyen de continuer mes activités professionnelle, je me suis mise à coudre à la main..."
Et depuis Marianne Smolders ne s'est plus arrêtée. La Roulotte, c'est le nom de son entreprise, a démarré son parcours aventureux en 2016, au sein des ateliers partagés du collectif Composite.
Cette année, la petite entreprise a eu besoin d'un petit coup de pouce pour faire face à la crise. Sur la plateforme de financement participatif Kiss kiss Bank bank, Marianne racontait sa passion, se racontait.
"Petite fille, je me déguisais. Non pas avec des robes de princesse mais avec des jupons de bohémienne et je fouillais les armoires de ma mère et de mes grand-mères à la recherche de l'étoffe qui me parlait. Imaginez ces nappes brodées à la main, ces robes années 50, ces plaids patchwork faits main... C'était le paradis !"
un ciseau de grand mère en guise de talisman
De là, est née sans doute la passion de cette jeune femme pour les tissus. Mais elle a aussi une certaine hérédité, des grands-mères couturières qui ne lui ont rien transmis de leur art, mais qui veillent sans doute sur ses créations.
En tout cas, c'est au milieu de son atelier que trône fièrement le ciseau de l'une d'entre elles, en guise de talisman sans doute.
"Rassembler les morceaux de tissus et les recoudre, me permet de me recoudre moi-même aussi quelque part. Je voulais aussi tisser les tissus comme on peut tisser les liens. Je voulais aussi travailler avec de la récup, car l’industrie du textile est un véritable fléau."
Chaque année en Europe, ce sont des milliards de tonnes de vêtements qui sont jetés et détruits. Pour l'artiste carolo d'adoption, l'histoire de ces fibres était trop belle et ne pouvait pas s'arrêter ainsi, elle résonne encore entre ses mains.
« Tous ces vêtements ont vécu des mariages ou des fêtes, des déclarations d’amour. Tous ces vêtements oubliés au fond des greniers ont encore des choses à dire et je les couds de manière intuitive. Oui ! les tissus me parlent. »
Laisser aller ses mains sur le tissu
Marianne propose aujourd'hui une large gamme de créations, de la plus simple à la plus complexe, mais les réalisations les plus spectaculaires sont sans doute ses fauteuils auxquels elle redonne vie en y apposant des tissus vifs et colorés.
Elle nous confie que rien n'est écrit d'avance lorsqu'elle se lance, elle laisse ses mains coudre au grès de son inspiration, son seul but est de redonner vie aux objets, aux tissus oubliés.
« Je prends le temps de coudre à la main, morceau par morceau. C’est intuitif, j’essaie de montrer qu’avec un bout de nappe on peut faire un cabas et qu’avec un vieux jeans on peut faire un sac. »
Marianne expose actuellement ses créations à la vente, à la boutique "De passage", un magasin qui renaît chaque année en différents endroits de la ville et qui s'est posé, cette fois, à Ville 2. Marianne en est l'une des fondatrices et co-gestionnaires.
Si elle n'a que deux mains, Marianne a plein d'idées et de projets, comme des lampadaires revisités. Et comme pour reposer ses petites mains couturières, Marianne les laisse parfois voyager sur le papier.
Cela donne des dessins qui seront bientôt des tissus, préalablement recyclés et qui serviront à un nouveau projet de création de lampes en collaboration avec un designer, Axel Rons.
« Lui s’occupe du socle et moi je viens habiller mes lampadaires avec des abat-jours confectionnés avec de la récup. »
Ils seront disponibles dans le courant de l'année prochaine, mais nul doute qu'ils seront aussi de la 4ème édition de « De passage ».
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