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L'ancien policier Francis Vandy n'est pas dément, il est responsable de ses actes, selon les experts

La cour d'assises du Hainaut a auditionné, mardi matin, les experts en santé mentale qui ont examiné Francis Vandy, après le double crime commis à Forchies-la-Marche, le 28 août 2019, mais aussi bien avant les faits.

En 2010, l'accusé avait été déclaré irresponsable de ses actes à la suite d'un incident dans un supermarché de la région de Charleroi. Francis Vandy, alors retraité de la police, avait volé un objet et passé les caisses. Rattrapé par un surveillant, il s'était rebellé alors qu'il était armé. Lors de la rébellion, un coup de feu est parti, le blessant au ventre. L'ancien commissaire divisionnaire avait bénéficié d'un non-lieu en chambre du conseil, en raison d'un état de démence fronto-temporale constaté par des experts de l'hôpital Van Gogh de Charleroi. Il a bénéficié d'un traitement médicamenteux.  

Après avoir tué Gabriel Ghelmegeanu et Constantin Tomescu, Francis Vandy a été déclaré responsable de ses actes par les experts qui l'ont régulièrement examiné lors de l'enquête. "Il a des positions bien tranchées, bien arrêtées, mais il ne souffre d'aucun trouble mental", déclare un psychiatre. 
L'accusé est décrit comme "anxieux", qui semble avoir été marqué par certains évènements lors de sa vie privée et de sa carrière. "La vie d'un commissaire de police n'est pas pavée de roses", déclare un psychiatre. 
Un neurologue estime que l'accusé ne souffre pas d'une démence fronto-temporale, cela n'a pas été relevé dans les tests effectués. "S'il était dément, il serait grabataire. Or, il sait ce qu'il a fait et il le raconte, peut-être de façon rocambolesque", insiste un psychiatre. 
"En 2010, l'expert avait toutefois constaté une nette amélioration. Ce diagnostic de la maladie d'Alzheimer a été infirmé ultérieurement", ajoute son confrère. Selon ce dernier, les pertes de mémoire dont souffre l'accusé sont plutôt liées à son âge, 72 ans. 
Francis Vandy est détenu à la prison de Mons depuis le 17 octobre 2019. Il suit une thérapie de façon ponctuelle au sein de la maison de détention auprès d'un professionnel de la santé. Sur la base du secret professionnel, le témoin n'a aucun éclairage à apporter aux jurés. 
Francis Vandy est accusé d'avoir assassiné deux hommes de nationalité roumaine, qui pêchaient dans son étang à Forchies-la-Marche, le 28 août 2019. Une détention d'armes et de munitions, sans autorisation, lui est également reprochée.

Un témoin conteste avoir signalé à l'accusé la présence des victimes

Le lendemain des assassinats, une riveraine de la rue du Bosquet, à Forchies-la-Marche, a signalé à la police la présence d'une voiture suspecte, près de chez elle. Le véhicule se trouvait là, depuis la veille. Il s'agissait de la voiture de Constantin Tomescu, qui faisait l'objet d'un avis de disparition à Bruxelles. La témoin l'avait déjà vue, stationnée au même endroit, quelques mois plus tôt. 
Le soir des faits, la témoin a entendu deux ou trois détonations rapprochées, aux alentours de 20h30, qui provenaient du fond du sentier qui longe sa maison. "Il faisait encore clair", déclare-t-elle, alors que l'accusé a affirmé, lundi, qu'il faisait nuit quand il a tué Constantin Tomescu et Gabriel Ghelmegeanu, d'une balle dans la tête. 
Le deuxième témoin appelé à la barre est un autre riverain de la rue du Bosquet. Le ministère public s'est opposé à sa prestation de serment, car le témoin avait été inculpé au début de l'enquête. La chambre des mises en accusation avait prononcé un non-lieu à son encontre. 

Quelques mois avant les faits, en 2018, le témoin promenait son chien près des étangs. "Je me trouvais sur les berges de l'étang voisin. J'ai entendu des éclats de voix. Je me suis avancé et j'ai vu deux personnes, avec une certaine corpulence. Il y a eu comme un mouvement de rébellion envers Monsieur Vandy, qui a tiré un coup de sommation", a-t-il raconté. "Les deux hommes sont partis. Monsieur Vandy m'a dit qu'il s'était senti menacé et que l'un des deux hommes lui avait fait un geste d'égorgement, que je n'ai pas pu voir." Le témoin ajoute qu'il y avait un troisième individu, plus loin. 
"Quels types de menaces avez-vous vues ?", demande l'avocat général. "Ils ont changé de direction", répond le témoin. 
Dans son audition à la police, le 31 août 2019, le témoin a déclaré qu'il lui arrivait de signaler aux propriétaires la présence d'intrus sur leur terrain. "Cela pouvait être un renard", a-t-il expliqué. "Les intrus ne sont pas spécialement des personnes", a ajouté son épouse, interrogée plus tard par la cour.
Me Dupuis, pour les parties civiles, remarque que le témoin a qualifié les visiteurs de 2018, "d'intrus".

Le jour des faits, à 20h02, le témoin a appelé l'accusé qui était chez lui, à Thuillies. L'appel a duré 22 secondes. Le témoin raconte qu'il a appelé pour signaler à Francis Vandy qu'il y avait des fruits à cueillir dans son verger, car il venait de revenir de vacances et qu'il allait repartir le lendemain. Le témoin déclare que c'est l'épouse de Francis Vandy qui a décroché le téléphone. Il n'a pas parlé avec l'accusé et n'a pas demandé à lui parler.
Le témoin soutient qu'il n'a pas signalé à son ami la présence des deux victimes sur son terrain. Au même moment, Francis Vandy quittait son domicile pour rejoindre son étang, où il est arrivé vers 20h30. Pour le témoin, c'est une coïncidence. 
Le témoin prétend qu'il n'a plus revu l'accusé après sa libération. "Nous avons un problème", a signalé l'avocat général. "Dans une audition d'octobre 2019, Francis Vandy dit qu'il vous a vu près de l'étang et que vous avez parlé des faits." Le témoin répond que "c'est possible", mais que ce fut bref. 
Les avocats des parties civiles ont mis en évidence de nombreuses contradictions dans les déclarations du témoin. "Une personne déclare, dans le dossier, qu'elle voyait souvent le témoin, le soir, près des étangs, et l'accusé l'après-midi", a commenté Me Amrani, pour les parties civiles. "Mon mari ne sortait jamais après 19h00", a répondu l'épouse du témoin. 
Le témoin et son épouse n'ont pas entendu les détonations, entendues par le premier témoin.

 

Source: Belga


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