Un Belge sur cinq est confronté à un type de cancer de la peau avant l’âge de 75 ans. Ces cancers ont augmenté de manière inquiétante ces dernières années. Et ils sont causés principalement par nos comportements lorsqu'il y a du soleil, ou par l’utilisation de bancs solaires. Dans les deux cas notre peau est exposée à des rayons ultraviolets, qui sont cancérogènes.
Puisque nous pouvons contrôler notre exposition aux UV, la Fondation contre le Cancer a axé sa campagne de 2023 sur le rappel des 3 recommandations en la matière, à savoir : réduire la durée d’exposition en restant à l'ombre, ensuite porter des vêtements protecteurs (chemise, chapeau à large bord, lunettes de soleil), et enfin, en plus des deux mesures ci-dessus, appliquer de la crème solaire à haut indice de protection.
Mais il est important, pour bien comprendre la dangerosité respective de ces cancers cutanés, et les traiter au plus vite, d’en distinguer les différents types. Si le mélanome est la forme la plus agressive de cancer de la peau, il est néanmoins le moins fréquent. Les deux formes les plus fréquentes de cancers cutanés qui se développent à partir des cellules de l’épiderme sont le carcinome basocellulaire et le carcinome spinocellulaire.
Le mélanome (±8% des cancers cutanés) prend naissance dans les cellules pigmentaires de la peau. On parle de mélanome lorsqu'une de ces cellules, disséminées dans toute la peau ou en amas comme dans les grains de beauté, se transforme en cellules cancéreuses. Chez les femmes de 15 à 29 ans c’est le cancer le plus fréquent. Sans traitement rapide, il donne toujours naissance à des métastases. Il faut donc le détecter aussi tôt que possible. Le mélanome se présente comme une tache pigmentée qui grandit ou grossit, change de couleur ou acquiert des bords irréguliers.
Il est crucial de consulter rapidement un dermatologue lorsqu’on suspecte qu'une tache pigmentée sur la peau présente une de ces trois modifications.
Le carcinome basocellulaire (±70% des cancers cutanés) est rare avant l’âge de 45 ans, ensuite sa fréquence augmente. Le carcinome basocellulaire croît très lentement et ne donne presque jamais naissance à des métastases. Il nécessite un traitement approprié, faute de quoi il peut s’étendre en profondeur et le traitement devient beaucoup plus difficile avec des chances de guérison qui diminuent.
Le carcinome spinocellulaire (±20% des cancers cutanés), également appelé carcinome épidermoïde, apparaît surtout chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Sa croissance est plus rapide et plus agressive que celle du carcinome basocellulaire. En l’absence de traitement, il finit par donner naissance à des métastases, généralement via les ganglions lymphatiques situés à proximité de la tumeur. Traité précocement, les chances de guérison sont toutefois très grandes.
Le rôle des UV dans l'apparition de tous ces cancers explique que les travailleurs à l’extérieur exposés aux UV sur le long terme, sont 77% plus susceptibles, par rapport à la population générale, de développer un carcinome spinocellulaire et une kératose actinique. De plus, leur risque de développer un carcinome basocellulaire augmente de 43 %.
Les mesures de protection contre les UV sont donc particulièrement importantes pour ces personnes. Et cela fait beaucoup de monde : nous avons en Europe 14,5 millions de travailleurs actifs sur le terrain qui passent au moins 75 % de leur temps à travailler à l’extérieur.
La Fondation contre le Cancer soutient des projets prometteurs pour faire reculer ces cancers:
Characterization of skin melanomas by Electron Paramagnetic Resonance.
Dans son communiqué de presse, la Fondation contre le Cancer annonce avoir octroyé un financement de 250 000 € à l’équipe du Professeur Bernard Gallez ( UCLouvain) pour un projet de recherche axé sur l’imagerie médicale et la radiothérapie. S’étalant sur 4 ans, il vise à développer et valider un outil innovant utilisant la résonance magnétique pour évaluer rapidement, avant même la chirurgie, l’invasion du tissu cutané par le mélanome. Cette approche pourrait permettre d’améliorer et d’accélérer la prise en charge thérapeutique du mélanome cutané.
Preventing therapy-induced stemness as a salvage strategy to precision oncology: L’objectif de ce projet de recherche, mené par le Professeur Jean-Christophe Marine (KU Leuven) avec un budget de 720 000 € sur 4 ans, est de comprendre la résistance aux traitements pour les cancers de la peau.
Le développement de telles résistances est un problème majeur dans le traitement des cancers. Sachant que les cellules cancéreuses passent par une phase de « tolérance » avant de devenir réellement résistantes, cette équipe de recherche a identifié une nouvelle population de cellules souches impliquées dans la résistance aux traitements et le risque de rechute. Le projet développe de nouvelles options thérapeutiques pour désactiver ces cellules. Combiner ces approches avec les thérapies actuelles pourrait empêcher les résistances aux traitements.
La fondation rappelle que le financement de ces projets est fondamental face à cette augmentation des cancers de la peau: "Rendu possible grâce à la générosité de ses donateurs, il contribue à faire reculer la maladie et à transformer l’espoir en victoire !"