Auditionné au Parlement wallon à la veille du week-end, le Président de l’UVCW, Maxime Daye (MR) a porté un premier regard rétrospectif sur la gestion de la crise Covid, du point de vue des villes et communes wallonnes. Il en ressort quelques enseignements.
Le recours aux réunions virtuelles des organes communaux
« Ce mécanisme s’est révélé absolument nécessaire dans le cadre de cette crise, en manière telle qu’une réflexion est actuellement menée pour inscrire dans le Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation (CDLD) les modalités de possibilités pérennes de semblables réunions virtuelles. Le débat reste sensible et les positions, différentes. On n’oubliera pas que les réunions en présentiel sont très importantes dans la vie d’une institution ». Il conviendra donc de trouver le bon équilibre.
Par ailleurs, Maxime Daye remarque qu'on a aussi pu constater que le taux de participation publique augmentait considérablement en cas de réunion virtuelle du conseil communal diffusée sur Internet. De même qu’il est aussi beaucoup moins onéreux pour une commune de diffuser son conseil communal virtuel sur YouTube ou les réseaux sociaux (quasi gratuitement) que de filmer un conseil communal classique et de le téléviser (1.000 euros par séance minimum).
La dématérialisation des procédures
« Au niveau de l’aménagement du territoire, la gestion du distanciel fut des plus compliquée pour les services communaux (mise à disposition d’ordinateur, renforcement des serveurs, mise en place du VPN, etc.). Et ce n’était pas la panacée : l’accès à certains programmes informatiques sont par exemple impossibles en dehors de la commune ». Le Président de l’UVCW, constate également que le télétravail imposait aux agents de reprendre les dossiers « papiers » et la communication de ceux-ci au sein des services devenait plus compliquée. Enfin, le présentiel restait indispensable pour informer le public ou gérer la procédure administrative.
La communication/concertation entre niveaux de pouvoir
Maxime Daye affirme que, sur ce point, on notera que toute l’opération de la distribution du matériel de sécurité (masques et filtres) en début de pandémie a été marquée par une désorganisation importante entre les niveaux de pouvoir. « Ensuite, on sollicitera également la Wallonie pour que, suite aux décisions du comité de concertation, les textes légaux soient pris le plus rapidement possible (arrêtés ministériels, circulaires,…) car il y a souvent un décalage entre l’annonce de mesures et leur traduction dans les textes légaux, les services communaux se retrouvent ainsi dépourvus, parfois plusieurs jours, avant de pouvoir agir sur une base légale ».
La communication/concertation entre les Bourgmestres
Selon le président de l’UVCW, lors d’une crise comme celle-ci, la communication et la concertation entre les Bourgmestres d’un même territoire provincial, voire d’un même arrondissement (ou bassin de vie) est très importante pour comprendre les problèmes de chacun, s’assurer des mesures à prendre et conserver une certaine lisibilité des règles pour le citoyen qui passe d’une commune à l’autre. Cette concertation nécessite des moyens (au sujet desquels une aide régionale serait la bienvenue) et une certaine structuration (qui peut être assurée par le Gouverneur).
La communication/concertation avec d’autres intervenants institutionnels
On relèvera ici le problème de tracing de l’AVIQ et du centre de crise wallon : les bourgmestres devaient recevoir des rapports d’analyse pour mieux cerner les foyers sur leur territoire mais selon Maxime Daye, il a bien fallu constater que l’AVIQ, malgré toute sa bonne volonté, était débordée et manquait d’enquêteurs. « En conséquence, peu d’analyses fiables ont eu lieu et les Bourgmestres n’ont pu bénéficier de cet d’outil pour prendre des décisions en bonne et due forme. L’UVCW plaide dès lors pour un renforcement des moyens de l’AVIQ dans ce cadre », précise-t-il.
L’impact sur les finances locales
« Avec toutes les précautions d’usage, nous rappellerons ici que la Région wallonne a estimé que l’impact de la crise pour les 253 communes wallonnes francophones se montera à 182 millions d’euros à 2020 et atteindra 309 millions en 2021. Belfius estime quant à elle que les effets de la crise pour 2020 se situeront dans une fourchette large allant de 53 millions d’euros à 166 millions d’euros pour l’ensemble des communes wallonnes. S’il est extrêmement compliqué d’estimer à ce jour un impact précis de la crise, il est évident que celle-ci mettra à mal les finances communales des 262 communes ». Les estimations régionales correspondent en effet à un impact équivalant à plus de 3 % du budget ordinaire en 2020 et à plus de 5% du budget ordinaire en 2021.
Les marchés publics : besoin de centrales d’achats
« Un autre enseignement crucial dans la crise fut la « saga » de l’achat et la livraison de masques à la population. Le besoin de centrales d’achats (voire les marchés conjoints) s’est fait cruellement sentir à un niveau supracommunal. Chaque fois que cela sera nécessaire pour répondre aux besoins de nombreuses communes, voire de l'ensemble de celles-ci, la Région devra tout mettre en œuvre pour leur offrir et/ou leur faciliter de tels outils, tout en garantissant l’accès de ces marchés à des fournisseurs locaux ». Pour Maxime Daye, Centrales d’achats et marchés groupés doivent, en effet, être calibrés pour permettre aux entreprises wallonnes d’y répondre avec agilité et souplesse.
Globalement, ce premier bilan montre que les villes et communes wallonnes se sont impliquées dans de nombreux points de la gestion de la crise, mais certaines améliorations doivent être apportées, notamment pour concrétiser plus rapidement certaines mesures de terrain.