Les banques alimentaires belges font face à une augmentation du nombre de bénéficiaires. Les demandes explosent notamment à Charleroi.
L'an dernier, plus de 190.000 personnes en moyenne ont frappé chaque mois à la porte des 676 organisations affiliées aux banques alimentaires en Belgique. Un nombre en augmentation, alors que ce dispositif d'aide social fait face à plusieurs défis, s'inquiète la Fédération belge des banques alimentaires.
En décembre 2022, les bénéficiaires des banques alimentaires étaient 18,2% plus nombreux qu'en janvier de la même année, a exposé lundi la fédération lors d'une conférence de presse à Bruxelles. La guerre qui fait rage en Ukraine depuis quasiment un an a en effet provoqué une crise énergétique mais aussi alimentaire, tandis que des millions de tonnes de céréales destinées à l'exportation sont restées bloquées dans les ports ukrainiens jusqu'en août dernier.
Une même quantité de nourriture pour plus de personnes
La demande s'est particulièrement accrue notamment du côté de Charleroi (+21%). Mais le volume des denrées alimentaires à distribuer, lui, n'a pas suivi la même courbe: il s'est stabilisé à 23.036 tonnes (+3% par rapport à 2021). Une quantité similaire a donc dû être répartie entre des bénéficiaires plus nombreux. De 125,4 kg par bénéficiaire en 2021, cette aide est passée à 109,9 kg en 2022.
Alors comment le volume de denrées distribuées a-t-il pu être maintenu? Grâce au Fonds social européen (FSE+) et aux dons financiers (des particuliers et du fédéral), qui ont permis aux banques alimentaires d'acheter elles-mêmes des quantités plus importantes de produits, explique la Fédération des banques alimentaires.
Un avenir incertain ?
Le problème, c'est qu'en 2024, ces fonds diminueront d'un tiers. La perte de 2.900 tonnes de denrées européennes représente une régression de 12,5% du volume total distribué l'an dernier.
« Cette baisse se fera fortement ressentir », prévient Jef Mottar, administrateur délégué de la Fédération belge des banques alimentaires.
Et face à la hausse générale du coût de la vie :
« On peut s'attendre à ce que le besoin d'aide alimentaire continue d'augmenter », pointe la fédération, alors que la quantité de denrées distribuées a doublé en une décennie, passant de 10.675 tonnes en 2010 à 22.013 tonnes en 2020.
« Nous appelons donc les gouvernements fédéral et régionaux ainsi que les entreprises et les particuliers à offrir un soutien financier plus structurel aux banques alimentaires », insiste M. Mottar.
Outre une hausse des budgets destinés à l'aide alimentaire dans le cadre du FSE+, « des incitations fiscales supplémentaires pour (ce type de) dons pourraient être une solution », avance le président de la Fédération belge des banques alimentaires, Piet Vanthemsche.
Source : Belga
A.P.