Ce samedi, c’est le grand retour de la Belgian Pride. L’occasion de mettre à nouveau la communauté LGBTQIA+ à l’honneur. Mais aussi l’occasion pour nous de mettre en lumière un phénomène méconnu mais pourtant bien réel dans notre pays : les thérapies de conversion, des pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Chez nous, en Belgique, un texte devrait être adopté d’ici quelques jours afin de les interdire. Je vous propose de découvrir les témoignages d’une victime de ses thérapies, et d’un chercheur en la matière, sur des images d’Ornella Antonacci.
La Secrétaire d’Etat à l’Égalité des genres, Sarah Schlitz, travaille actuellement à l’interdiction des thérapies de conversion en Belgique. Le texte sera adopté dans quelques jours, le Gouvernement le voulait le plus avancé possible, pour couvrir toute forme de thérapies de conversion. Mais quelle est la réalité de ces pratiques en Belgique ?Jean-Philippe de Limbourg a été victime de thérapies de conversion à 24 ans dans la région de Namur :
« Cet homme m’a dit qu’il avait guéri des homosexuels par le passé et qu’il pouvait m’aider. Il me mettait entre le sommeil et l’éveil, et il me faisait travailler sur ma sexualité à travers la relaxation. D’un autre côté, il y avait un travail plus idéologique. Il me bourrait le crâne de clichés homosexuels : on boit des milk-shakes dans la même paille, on s’habille en rose, … Et d’autre part, il renforçait ma virilité : je devais regarder des films violents, ne pas me masturber, ne pas avoir de fantasmes homosexuels, … »
De graves séquelles
Aujourd’hui encore, Jean-Philippe de Limbourg garde des séquelles de ces « thérapies »…
« C’est d’une violence extrême ! Il y a eu intrusion dans ma sexualité et dans ma pensée. Ces thérapies détruisent la personnalité du jeune pour construire une personnalité factice. Il est temps de sanctionner les gens qui considèrent l’homosexualité comme une maladie. Ces gens sont eux-mêmes malades de leur aveuglement et de leur haine envers la différence. »
Axel Winkel, chercheur au Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation (CPCP) a réalisé une étude sur les thérapies de conversion en Belgique. Il explique que différentes formes existent notamment en Belgique : manipulation, endoctrinement, exorcisme, électrochoc, … Et les conséquences sont terribles.
« Les thérapies de conversion ont été interdites en Allemagne, en France, … Il faut faire attention que la Belgique ne devienne pas un refuge pour les promoteurs de ces thérapies si elle ne l’interdit pas. Mais aujourd’hui, il y a la volonté de présenter un texte au Conseil des ministres pour acter cette interdiction », explique Axel Winkel.
Cette interdiction en Belgique fait suite à une résolution du Parlement européen qui demandait aux États membres d’introduire une législation visant à mettre fin à ces pratiques de conversion dans les meilleurs délais.
Apolline Putman