L’ADEM, d'association de défense de l'environnement de Monceau, Goutroux et Roux, a mis la trêve des confiseurs à profit pour réfléchir sur la position à adopter vis-à-vis du nouveau permis unique, accordé le 2 décembre dernier par les ministres Céline Tellier et Willy Borsus à la SA CETB, pour l'extension de la capacité de la décharge de Monceau à 950.000 m³, et une prolongation de l'exploitation du site durant 3 ans.
L'ADEM se pose la question de savoir si ce permis est une nécessité absolue au profit de l’intérêt général ou un cadeau à l’exploitant et veut croire que c’est l’intérêt général qui guide la Ministre, vu la situation inextricable dans laquelle se trouve le Gouvernement wallon, une situation héritée des prédécesseurs.
Sans plan de décharges pas d'issue
Mais pour les riverains, pendant 3 ans encore, il va falloir supporter les nuisances de la décharge - bruit, odeurs, charroi, poussières ... alors que ceux-ci sont victimes de la mauvaise gestion de cette décharge depuis 20 ans. Les nombreuses plaintes pour non respect des conditions d’exploitation ont pourtant été formulées et sont toujours restées lettres mortes.
Si le plan des CET de 1999 avait été correctement élaboré, la décharge actuelle n’aurait jamais été ouverte puisque le site, le plus mal classé au départ, s’est retrouvé à la première place, suite à "des interventions indignes de la Ville de Charleroi" affirment les membres de l'association. De plus, la capacité maximale de 1.650.000 m3 recommandée par l’étude initiale est devenue, comme par magie, par le seul fait du Prince, «réévaluable à 5.500.000 m3 selon les besoins de la Province du Hainaut».
Le Plan Wallon Déchets-Ressources initié par le Ministre Carlo Di Antonio avait redonné à la population un peu d’espoir. Mais il a fallu déchanter : le plan des CET de 1999 ne fut remis en cause et la capacité de la décharge a finalement été étendue à 5.500.000 m3. Une décision votée par le Gouvernement Wallon le 22 mars 2018.
Un cadeau empoisonné pour les riverains ?
Véronique Salvi obtient in extremis une annulation du permis accordé le 31/10/2018. S’ouvre une période d’insécurité juridique. En référé, le Conseil d’Etat donne raison à l’exploitant, suspend la décision du Ministre et renvoie la balle à la Ministre de l’Environnement Céline Tellier (Ecolo) qui se trouve devant une situation inextricable...
Pour elle, difficile de trouver une solution en 3 mois... et une autre décharge de classe 2. Elle décide donc de reporter la fermeture de la décharge de Monceau au 1er janvier 2023. Un cadeau empoisonné pour les riverains. Mais la Ministre n'a pas de solution, elle se donne 3 ans pour que les déchets ne soient plus déversés à Monceau. Une décision qui porte aussi la capacité 3.900.000 m3.
Toutefois, quelques restrictions sont imposées à l'exploitant comme : l'interdiction de verser les matériaux de construction contenant de l’amiante, en ce compris l’amiante liée tels que les Eternit.
Ce permis ne satisfait pas l'ADEM qui souhaitait la fermeture au 2/12/2019, mais l'association se dit à court de moyens mais elle restera vigilante. Elle continuera à dénoncer le non respect des conditions d’exploitation et à suivre de près la mise en place du nouveau plan des CET, prôné par la Ministre.