Par Martial DUMONT
Ce jeudi, le gouvernement wallon a donc tranché: le Covid Safe Ticket sera obligatoire en Wallonie pour tous les lieux culturels, les salles de sport et l'horeca dès la mi-octobre. Ce faisant, notre Région prend donc la main sur les dernières décisions du Codeco qui prévoyaient au contraire des assouplissements, puisque les événements de moins de 500 personnes en intérieur et 750 en extérieur ne devaient plus être soumis au CST dès le 1er octobre prochain.
La raison officielle de ce durcissement wallon ? Une augmentation des contaminations dans certains endroits (région liégeoise, notamment) et un taux vaccinal trop limite pour contrer le variant Delta.
Un coup de bambou supplémentaire pour toute une série de secteurs donc, dont l'horeca qui apprenait dans le même temps que la TVA allait repasser à 12% au lieu de 6...
Mais l'introduction généralisée du Covid Safe Ticket est surtout une décision d'une hypocrisie sans nom.
Soyons très clairs : le CST n'est rien d'autre qu'une obligation vaccinale déguisée. Il est essentiellement destiné à inciter les 20% de non-vaccinés wallons à passer à la piquouze. Simplement parce qu'aucune autorité dans ce pays n'a le courage d'imposer l'obligation vaccinale pour les plus de 12 ans qui, pour autant qu'elle soit strictement encadrée démocratiquement, règlerait une grande partie du problème, même si on sait qu'elle n'éradiquerait pas le virus comme en rêvent, encore naïvement, certains politiques.
Hypocrite aussi le fait que le Covid Safe Ticket ne soit pas alors totalement généralisé. Pourquoi ne pas l'imposer dans les entreprises, la fonction publique, les transports ? Pourquoi estimer que, dans certains cas, les gestes barrière et la distanciation suffisent, et dans d'autres il faut montrer patte blanche?
Hypocrite enfin ce CST parce qu'il est clairement l'anti-chambre de la vaccination obligatoire. L'automne arrive et avec lui le risque d'accélération de l'épidémie. Si le taux de vaccination n'augmente pas suffisamment dans les prochaines semaines, il est clair que l'obligation sera mise sur la table. Et, ne rêvons pas, si le gouvernement récupère quelques pourcents de vaccinés supplémentaires, les irréductibles ne plieront pas. Alors quoi, on garde le CST à vie?
Voilà pourquoi, au sein du monde politique francophone, notamment, l'obligation vaccinale n'est plus un tabou. Mais celui-ci préfère retarder l'échéance le plus tard possible alors qu'il suffirait de 5 minutes de courage politique pour prendre une décision, certes délicate, mais devenue virtuellement inéluctable. Et qui, surtout, ferait gagner du temps.
Et puis, au-delà de l'hypocrisie ambiante, on ne peut se permettre de diviser la société comme on le fait actuellement avec l'introduction de ce pass sanitaire (presque) généralisé. Le Covid Safe Ticket est une source de tension sociale qui monte les citoyens les uns contre les autres, les "bons vaccinés" contre les "méchants non vaccinés". Une tension accentuée par des discours culpabilisants qui n'aident absolument pas la cause, comme celui, lors du Codeco, d'Alexander De Croo.
Ce vecteur de discrimination serait éradiqué par l'obligation vaccinale qui, elle, mettrait tout le monde sur le même pied. Alors oui, bien sûr, il y aura des oppositions. Et il faudra les entendre. Et être, pour une fois, réellement pédagogues. En commençant par rappeler que le vaccin ne protège pas à 100% d'une contamination. Mais qu'il réduit drastiquement les risques de développer une forme grave du Covid. Et ce ne sont pas les chiffres des unités de soins intensifs majoritairement remplis de non-vaccinés aujourd'hui qui diront le contraire.