Qui de l’intercommunale AIESH ou de ORES sera le prochain gestionnaire de réseau de distribution (GRD) dans la botte du Hainaut ? Les communes wallonnes doivent renouveler leur contrat pour 20 ans, la botte du Hainaut et Couvin, actuellement dans le giron de l'Association Intercommunale d'Electricité du Sud du Hainaut - AIESH, vont devoir choisir eux aussi. Les 51 agents de l’intercommunale locale sont inquiets, ils ont peur de se faire manger tout cru par l’ogre ORES et ils le font savoir.
Lundi dernier, les 6 bourgmestres de la botte du Hainaut (Chimay, Froidchapelle, Momignies, Couvin, Sivry-Rance et Beaumont) se sont réunis à Beaumont afin de fixer un calendrier commun pour savoir qui de l’AIESH ou de ORES ils choisiront comme nouveau GRD (gestionnaire de réseau de distribution).
Aucune décision n'a été prise, un calendrier a été fixé et ils se revoient ce mardi 1er février avec les responsables des deux intercommunales qui seront reçus séparément.
Depuis l’annonce de cette rencontre, les commentaires vont bon train, le personnel de l’AIESH est inquiet. Sans savoir à quelle sauce il va être mangé, une quinzaine d’agents se sont présentés au conseil communal de Momignies, les autres n’hésitent pas à interpeller leurs bourgmestres respectifs.
Bruno Lambert, porte-parole du groupe des bourgmestres, mais surtout bourgmestre de Beaumont n’échappe pas à la règle.
« Nous sommes, tous les bourgmestres, attachés à un ancrage local, mais il nous faut penser au défit de demain. Nous sommes aussi attentifs à l’assise financière de l’institution qui sera choisie et qui permettra de pérenniser l’outil, mais aussi l’emploi sur notre territoire. »
"Nous choisirons le meilleur"
Bruno Lambert, organise sa permanence le samedi matin, ce week-end certains travailleurs n’ont donc pas hésité à pousser la porte de son bureau.
« Des gens m’ont fait part de leur sentiment et comme pour les administrateurs publics, le sentiment est partagé. Il y a à la fois une inquiétude et l’envie de garder un modèle économique performant. D’autre part, certains se projettent en avant et craignent de ne pas pouvoir relever les défis de demain. »
Le point sur lequel le personnel est unanime c’est sur les 15 millions que ORES fait peser dans la balance, et qui risquent de faire pencher le choix de son côté. Bruno Lambert n’est pas dupe !
« L’élément financier n’est pas l’élément majeur. Il faut pouvoir ramener c’est 15 millions sur 20 ans et la répartir sur 6 communes, nous arrivons à un résultat beaucoup plus modeste. Ce n’est pas ça qui va permettre aux communes de vivre grassement. »
Les travailleurs craignent encore que les conseils communaux et leurs bourgmestres soient mal informés et ils regrettent être tenus à l’écart des débats.
Un trac circule sur les réseaux sociaux qui met les atouts de l’AIESH en avant :
« L’AIESH est de le GRD le plus avancé en Wallonie quant au respect du plan Energie - Climat 2030 puisque 50% de l’énergie distribuée est issue de ses 3 parcs éoliens. »
L’AIESH possèderait 4,5 bornes de recharge pour 100 000 habitants, contre 2 pour Ores. La puissance de production renouvelable par client serait aussi en faveur du GRD local.
Si l’on en croit toujours ce tract, l’AIESH a un ratio de solvabilité bien supérieur à celui réclamé par la CWAPE et ses clients y sont mieux rémunérés.
Du côté d’ORES, on rassure, le président Fernand GRIFNÉE a déclaré ce week-end comprendre l’inquiétude du personnel, mais il certifie que si le choix des bourgmestres se porte sur Ores, le personnel actuel sera maintenu, soit 51 agents. Ces derniers garderont tous les avantages acquis au sein de l’AIESH et pourront aussi grâce à la formation évoluer dans leur nouvelle société.
Les atouts de l'AIESH
Les bourgmestres sont loin, réaffirme Bruno Lambert, de prendre cette décision à la légère. Il en veut pour preuve la méthode de travail qu’il se sont choisie.
« C’est peut-être une des premières fois que l’on a fait dans notre région un travail d’Audit, puisque c’est un Audit qui ne porte pas son nom, mais dans les faits c’est une analyse qui permet de voir où on en est et de voir ce que sera l’institution demain. »
Jusqu’ici deux rapports ont été rédigés par un expert technique et une experte financier.
Et ici encore, le tract diffusé sur les réseaux sociaux est très critique. L’expert technique aurait un défaut de partialité avéré et l’experte financière aurait produit un rapport déséquilibré.
Bref, les travailleurs ne veulent pas devenir la poule aux oeufs d’or d’ORES. Le premier GRD Wallon, ne serait autre que l’AIESH, ce n’est pas le tract qui le dit, mais une étude comparative de la CWAPE réalisée en octobre 2021 et dont l’intercommunale sort leader face à 21 GRD répartis sur le territoire belge.
Avec tous ces éléments en main, la décision doit tomber pour 2023, le choix risque d’être cornélien pour les bourgmestres de la botte. Même si la décision finale, appartiendra quoi qu’il arrive à la CWAPE et au gouvernement wallon.
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