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Le Grand hôpital de Charleroi en quête de sens

Le Grand hôpital de Charleroi en quête de sens

Le GHdC a lancé une vaste campagne de recrutement, plus de 100 offres pour 50 postes différents à pourvoir. Et parmi les métiers dont l’hôpital a besoin, nous avons épinglé celui de philosophe. Qu’est-ce qui a amené l’hôpital à vouloir intégrer dans son équipe un philosophe ? Quelle sera sa fonction ? Nous avons posé ces questions et quelques autres à Gauthier Saelens, le grand patron du GHdC

« Deux choses nous ont amené à organiser cette vaste campagne de recrutement. D’une part, nous sommes dans un contexte général où les besoins de ressources humaines dans l’ensemble du secteur hospitalier sont prégnants. D’autre part, et là c’est propre à la situation du GHdC, qui dit nouvel hôpital, dit nouveaux besoins. »

Voilà comment Gauthier Saelens, le directeur du GHdC, résume la vaste campagne de recrutement menée par le grand hôpital de Charleroi ces dernières semaines.

De nombreux postes sont à pourvoir, les métiers de soignants sont primordiaux, mais il y a aussi des postes dont on parle moins comme les informaticiens, les comptables, les ingénieurs en construction etc… qui sont tout aussi indispensables au bon fonctionnement de cette institution.

Et puis parmi cette centaine de postes à pourvoir, il y a celui de philosophe.

Des soignants en quête de sens  

Le philosophe est un spécialiste de la philosophie, ça vous l’auriez bien deviné ! Nous sommes donc allés chercher la définition de la philosophie dans le Larousse.

La philosophie est « un ensemble de conceptions portant sur les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l'homme dans l'univers, sur Dieu, sur l'histoire et, de façon générale, sur tous les grands problèmes de la métaphysique»

Des problèmes métaphysiques, c’est sûr, la crise Covid en a soulevé plus d’un.

« Les hôpitaux étaient déjà sous pression avec des difficultés de fonctionnement liées à des années de coupes budgétaires. Mais tout tenait par une espèce de petit miracle de bonnes volontés. Toutes les équipes, et sans doute plus particulièrement les équipes soignantes, maintenaient cet équilibre fragile. Un système qui s’est littéralement écroulé avec la crise Covid. »

Le grand hôpital de Charleroi a donc d’abord mis en place les outils classiques d’aide à son personnel soignant. La cellule sport et bien-être a été activée, il y avait déjà une assistante sociale et une équipe de psychologues aussi pour parer au plus urgent.

« Avant la crise, nous nous sommes appuyés sur ces différentes équipes pour aider le personnel et dans les premiers mois de la pandémie, nous les avons renforcées. Toutefois, nous avons remarqué qu’une partie du personnel ne trouvait pas de réponse dans cette aide là. Nous entendions souvent des phrases telles que : « Cette situation n’a pas de sens » ou encore « mon métier n’a plus de sens » les travailleurs parlaient beaucoup de sens. »

Un jour « presque par hasard » enchaine Gauthier Saelens, la directrice des soins infirmiers émet l’idée de faire appel à un philosophe pour travailler ce "sens", que la plupart de ses collègues ont perdu.

Si l’idée pouvait paraitre saugrenue au départ, la direction et les ressources humaines ont saisi la balle au bond.

« Les gens qui ont choisi ce métier sont des personnes extrêmement motivées. C’est un engagement fort, il faut avoir l’envie de guérir, d’accompagner, de soutenir etc… Et même si la motivation est très forte au départ, ensuite elle s’étiole. La crise Covid est venue briser complètement la motivation dans certains cas. »

Il fallait donc revenir à l'essentiel et réfléchir sur le sens de l’engagement, le retrouver ou le retravailler de manière collective.

L'idée d'engager un philosophe pour aider l'hôpital dans ce long chemin s'est finalement imposée.

Un travail au long cours

Le rôle du philosophe qui décrochera le contrat sera de réfléchir au sens mais aussi d'élargir les horizons des travailleurs en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, du pouvoir qu'ont certains, notamment les médecins, dans leur travail, ou encore de la meilleure manière de faire face aux exigences des patients et à leur violence parfois.

"Le cahier des charges que nous proposerons à notre nouvel employé est donc assez large. Il faudra commencer par beaucoup d’écoute et de rencontres avec le personnel de terrain. Il faudra déterminer cette  problématique liée au sens. S’imprégner de l’hôpital, de l’environnement, synthétiser ce qui fait problème aujourd’hui, et petit à petit amener les uns et les autres à réfléchir à leurs besoins et au sens qu'ils donnent à leur métier, guidés par des lectures, des réflexions, des rencontres …"

Gauthier Saelens, nous l'affirme il faudra bien un contrat à durée indéterminée pour mener à bien cette mission dans un contexte en évolution constante.

Et si dans un premier temps le philosophe se concentrera sur le personnel, plus tard, celui-ci pourra peut-être élargir son action au profit des patients et de leurs familles.

Pour le méga hôpital, on ne tergiverse pas

Que l'on ne s'y trompe pas, le philosophe fera un travail de fond. Pour le déménagement vers le site des Viviers et l'acclimatation aux nouvelles installations le GHdC a mis en place un programme de "change management" piloté par la direction et les ressources humaines.

"Nous sommes attentifs à ce qui se dit sur les réseaux sociaux et nous travaillons ensemble les anticipations, les peurs et les craintes réellement ressenties. Notre philosophe n'est pas engagé en prévision du déménagement, mais son travail pendant les quelques années avant le déménagement, devra permettre de créer un état d'esprit nouveau et de consolider nos acquis pour repartir sur des bases solides."
 

Mais à l'image de ce qu'il prône, Gauthier Saelens sait rester philosophe. Pour lui, le GHdC est un hôpital qui dans le contexte que l'on connait se porte plutôt bien, et la construction du nouveau méga complexe hospitalier est dans les délais.

"Pour l’instant, nous sommes dans les temps. C’est difficile évidemment avec l'impact que la crise a sur le chantier en terme d'absence, aussi bien en interne qu'en externe. Il y a aussi toutes les crises financières sur les matériaux. Cela reste un gros défi, mais au moment présent où je vous parle, nous sommes dans les temps."

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