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Ce Jeudi, mobilisation en faveur du droit à l'avortement

Demain, le 30 juin, une mobilisation est organisée par le collectif des « femmes de mars » et ses partenaires pour toutes celles et ceux qui souhaitent réagir à l’attitude de la Cour Suprême des Etats-Unis en matière d’avortement. Le rendez-vous est fixé à 17h30 sur la place verte. L’occasion aussi pour les associations organisatrices de rappeler que ce droit n’est toujours pas totalement acquis en Belgique.

Si vous souhaitez vous joindre à cette action, habillez-vous en noir et munissez vous d’un cintre. Pourquoi un cintre ? parce qu’il symbolise la manière dont se pratiquent les avortements clandestins au péril de la vie des femmes qui ne souhaitent pas aller à terme.

En quelques jours, les femmes se sont mobilisées, avec le soutien de la Ville de Charleroi, au sein des Femmes prévoyantes socialistes, Présence et Action Culturelle, la maison de la laicité, le Centre d’Action Laïque et toutes les associations qui gravitent autour des femmes de mars.

Sarah Cravotta, coordinatrice des femmes de mars et animatrice chez les femmes prévoyantes socialistes, espère une mobilisation massive du public.

« La manifestation du 30 juin a été mise en place très rapidement pour faire écho à ce qu’il se passe aux Etats Unis, et la marche arrière de la Cour Suprême en matière d’avortement. Cette action est destinée à marquer notre soutien aux femmes américaines mais aussi à rappeler ce qu'il se passe chez nous. »

Un petit pas pour l'homme, une catastrophe pour le droit des femmes

Ce vendredi 24 juin, la Cour Suprême des États-Unis a révoqué le droit à l'avortement.
 
4 jours après cette décision, 9 États américains ont déjà interdit l’IVG sur leur territoire, 7 autres suivront prochainement et 5 autres encore veulent en restreindre l’accès.
 
C’est la fin de l’avortement légal aux Etats-Unis. De plus, cette décision est un signal inquiétant qui ne va pas manquer d’inspirer les réactionnaires partout dans le monde.
« Nous savons que si nous devions changer demain de majorité gouvernementale en Belgique, c’est un des droits des femmes qui sauterait le plus rapidement. Nous voudrions que le projet de loi de 2018, qui demande de faire passer le délai pour avorter de 12 à 18 semaines, soit appliqué et que les femmes puissent exercer ce droit sans avoir à se justifier »

Car en Belgique, ce droit n’est pas encore totalement acquis. L’avortement est toujours illégal bien que dépénalisé, c’est-à-dire que l’on ne peut pas être poursuivi pour ce type d’infraction. Les IVG peuvent se pratiquer dans un centre de planning familial ou dans un hôpital.  

Mais les femmes qui souhaitent avorter doivent encore remplir un certain nombres de conditions, dont les fameuses 12 semaines au terme duquel elles doivent poser le choix d’une vie, un choix parfois difficile quoi que l’on en pense.

Toutes des salopes !

Au planning familial de Charleroi, la psychologue est claire, prendre la décision d’avorter ne se fait jamais de gaieté de coeur.

On sait aussi que 72% des femmes qui demandent l’IVG était sous contraceptifs. Enfin, contrairement à la croyance populaire la plus tenace, ce ne sont pas les jeunes filles qui demandent une interruption de grossesse, elles ne représentent que 4% du total des interventions.

En 2019, l’âge moyen des femmes qui ont avortés était de 28,77 ans contre 27,56 ans en 2012.

Selon le planning familial le pic se situe toujours entre 25 et 35 ans, soit les femmes qui ont l’âge auquel les femmes donnent généralement naissance à leur premier enfant.  

Les chiffres parlent d'eux-mêmes, les femmes qui souhaitent avoir recours à l'avortement ne sont donc pas toutes des inconscientes sans vertu comme l'avait déjà rappelé en 1971, le manifeste des 343 salopes.

Allonger le délai de réflexion

Refuser à ces femmes un délai de réflexion plus important c’est favoriser, comme c’est encore le cas chaque année, le départ de 500 à 1000 d'entre elles vers les pays voisins pour pratiquer leur intervention.

En France il y a désormais la loi Veille, en Angleterre le délai légal pour avorter est passé à 24 semaines. Qu’attend-on en Belgique ? Préfére-t-on suivre l'exemple américain ?

« Aux Etats-Unis, les choses ne se sont pas mises en place du jour au lendemain. Trump a nommé des juges très conservateurs au sein de la Cour Suprême et nous constatons les résultats d’une politique ultra-conservatrice aujourd’hui, quelques années seulement après leur nomination. »

Les associations de défense des droits des femmes incitent donc à la vigilance maximale.

« Il n’y a à priori pas de raison que cela ne se passe pas chez nous. Il est donc important de remobiliser les associations et la population. Nous attirons l’attention sur le fait que les choses se mettent en place de manière insidieuse. Il y a déjà des groupuscules anti-IVG qui militent en sous-marin.»

En 2018, il y a eu 18 027 demandes d’interruption de grossesse contre 19 155 en 2012, les chiffres sont en recul. Mais pour quelle raison ?

"Faire passer le délai à 18 semaines ne va pas modifier l’attitude des patientes expliquait Marie Goethals, psychologue au centre de planning familial de Charleroi sur nos antennes en juillet 2020 . Elles ne vont pas attendre plus longtemps juste pour le plaisir. Ce sont toujours des situations familiales complexes, changeantes ou des évènements exceptionnels qui incitent les femmes à se faire avorter."

Pour les associations qui participent à la mobilisation de ce jeudi, le droit à l’avortement devrait être inaliénable, les femmes doivent pouvoir être seules responsables de leur corps.

« Une loi pour les femmes faite par les hommes, il faut que ça s’arrête. De toute façon les IVG auront lieu au détriment de la santé des femmes. Refuser le droit à l’IVG, c’est clairement dire à la moitié de l’humanité qu’elle ne compte pas et qu’elle n’a pas sa place dans la société, ce n’est pas acceptable. »

La décision américaine est dévastatrice pour les femmes mais également pour les personnes trans, et les minorités de genre. Et même si toutes les femmes sont concernées, ce sont les personnes racisées et de classe populaire qui subiront d’avantage encore les conséquences tragiques de ces interdictions.

 

 


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