Dans le cadre du festival « femmes de mars » organisé autour du 8 mars et de la journée de lutte pour les droits des femmes, une exposition sur les fondements du féminisme est actuellement à voir dans les locaux de Charleroi Danse. Une exposition en trois parties que nous avons visitée en compagnie d’Anne Cattiez, l’une de ces féministes de la première heure.
C’est le centre d’archives et de recherches pour l’histoire des femmes, le CARHIF, qui a imaginé cette exposition sur la naissance du mouvement féministe en Belgique et à l’étranger.
Une exposition qu’une féministe de la première heure à Charleroi, Anne Cattiez, tenait absolument à montrer dans sa ville natale. Dans le cadre du festival « les femmes de mars », elle a contacté quelques partenaires dont le service pour l’égalité Femmes-hommes de la ville qui a immédiatement embrayé, comme nous l’explique Estelle Giovannangelo.
« Anne est venue avec l’idée de cette expo qu’elle avait vue à Bruxelles. Nous nous sommes dits que ce serait une chouette idée à proposer dans le cadre du festival « femmes de mars ». Donc, nous avons réuni, autour de notre service, le conseil consultatif, le CRIC et PAC Charleroi pour faire venir cette expo et la faire vivre. »
Les premiers pas de femmes révoltées
Anne Cattiez avait 20 ans dans les années 70 et c’est un peu par hasard, finalement, qu’elle découvre ces mouvements de femmes.
Elle se rend à une manifestation à Bruxelles où elle s’attend à rencontrer quelques femmes, finalement ce sont des centaines de femmes qui affluent, et elle se retrouve même, face à Simone de Beauvoir, l’auteure du deuxième sexe.
Les combats sont nombreux, la jeune femme d’alors s’en rend compte, et elle veut en être !
« Grâce aux combats féministes des années 70 et le fait que les femmes étaient dans la rue, nous avons fait passer un certain nombre de droits. Mais il y a encore du travail aujourd’hui et dans beaucoup de situations, il y a encore énormément d’inégalités par rapport aux femmes. »
Anne Cattiez peine à dire les domaines dans lesquels les droits des femmes sont encore en berne tant il y en a. On pourrait y passer des heures. Il a donc fallu structurer l’exposition en trois parties comme nous le montre Estelle Giovannangelo, du service pour l’égalité femmes-hommes de la ville de Charleroi.
« La première partie propose vraiment l’émergence du mouvement féministe des années 70 comme quelque chose de nouveau. Ensuite, on a les combats menés et dans la troisième partie, on a vraiment les conséquences et toute la créativité, toutes les expos, la manière dont la société de cette époque s’est emparée de la question dans différents domaines. »
Le collectif contraception est né de ces combats
Parmi les femmes de Charleroi qui ont compté, et que l’on retrouve dans cette exposition, il y a Jeanne Vercheval. Initiatrice des Maries Mineurs en Wallonie, elle participe au Petit livre rouge des femmes, à l’organisation de la première journée F qui rassemble des milliers de femmes à Bruxelles.
Elle sera également très active en matière de lutte pour la dépénalisation de l’avortement. Un point commun avec Anne Cattiez. Cette dernière se souvient comment au côté de Jeanne Vercheval, elle s’est battue pour que les femmes puissent avorter dans de bonne conditions.
« A Charleroi un certain nombre de femmes se sont mobilisées pour créer un centre extra-hospitalier dans les années 76-77. Ce centre a permis de faire pratiquer des avortements dans des conditions saines et sécurisées chez des femmes qui de toute façon se faisaient avorter. Beaucoup se faisaient avorter dans de mauvaises conditions. Pour nous, il était aussi important de pouvoir revendiquer que notre corps nous appartient et que nous en faisons ce que nous voulons. C’était un combat important et le centre extra-hospitalier est devenu le collectif contraception que beaucoup de gens connaissent aujourd'hui. »
La dépénalisation de l’avortement, nous y sommes toujours 50 ans après ! Et s’il se pratique de manière plus courante, cet acquis est toujours fragile. Certains pays ont d’ailleurs fait des retours en arrière retentissants.
Anne Cattiez rappelle donc avec force, la fragilité de ces acquis et compte sur les générations à venir pour prendre la relève.
« C’est un appel aux jeunes cette exposition. Elle montre comment les femmes se sont battues pour revendiquer leurs droits. Ce n’est pas si loin que ça ! À peine 50 ans. Il faut rester vigilants car ces droits, en période de crise, peuvent vite être balayés, biffés, … les jeunes doivent continuer la lutte et rester vigilants. »
L’exposition est accessible jusqu’au 24 mars dans les locaux de Charleroi Danse au Boulevard Mayence. Vous pouvez aussi vous renseigner au 071/86.70.45.