Le sondage récemment publié par Ivox et nos confrères de Sudinfo à un an des élections communales est on ne peut plus parlant au moment où Paul Magnette annonce qu'il veut à nouveau être tête de liste socialiste à Charleroi: si le PS resterait maître des lieux en octobre 2024, il perdrait pourtant quelques plumes au point de ne plus être sûr d'obtenir en sièges une potentielle majorité absolue.
Au profit de qui? Le PTB bien sûr, qui ne cesse de scrutin en scrutin, de grignoter des voix à gauche. Jusqu'à, enfin, prendre ses responsabilités en faisant, comme disait "Papa", un grrrrrrrand accord avec le PS dans un an dans la cité sambrienne? Les communistes se disent en tout cas près à faire des concessions. Ce qui laisse les observateurs politiques hautement dubitatifs, le PTB s'étant jusque-là, par ses positions par trop radicales, auto-exclu consciemment du pouvoir pour mieux pilonner les socialistes de Paul Magnette depuis les bancs de l'opposition. Une stratégie qui, un jour ou l'autre, leur reviendra comme un boomerang quand la majorité de leurs électeurs auront compris que la vocation du parti d'Hedebouw n'est pas de s'exposer aux risques de la participation à un exécutif.
En attendant, même si Magnette se dit ravi que le PS soit toujours, et de loin, la formation la plus forte à Charleroi, son discours de plus en plus à gauche trahit au mieux une exaspération, voire une inquiétude certaine face à la montée pétébiste. La solution? Ne pas forcément tomber à bras raccourcis sur l'aiguillon radical de gauche, mais bien fustiger la droitisation des autres. Singulièrement du MR, évidemment, notamment avec l'arrivée annoncée de Denis Ducarme que le bourgmestre de Charleroi taxe de destructeur gratuit de la réputation de sa ville, incapable qu'il serait d'admettre que tout ne va pas mal en terre carolo, loin s'en faut.
Mais les libéraux ne sont pas les seuls à en prendre pour leur grade. Ainsi, interrogé sur la coalition qu'il privilégierait dans un an à Charleroi, Paul Magnette parle d'exécutif "le plus progressiste possible", notamment en s'alliant avec Ecolo. Mais reste plus circonspect avec son pourtant partenaire actuel de C+, qui se présentera dans quelques mois sous la bannière des Engagés. Pourquoi tant de méfiance? Simplement, rétorque le mayeur carolo, parce que les Engagés prendraient un dangereux virage de centre-droit qui n'est pas de son goût...Alors que dans le même temps, on sait qu'il ne rêve, à la Région wallonne, que de recréer un Olivier avec les mêmes Ecolos et Engagés pour renvoyer Georges-Louis Bouchez et le MR dans l'opposition.
Un discours politique à géométrie variable, donc, en fonction de l'étage institutionnel mais aussi des réalités des chiffres: numériquement le PS pourrait se passer des Engagés à Charleroi, pas au Parlement wallon. C'est sans doute ça qu'on appelle la realpolitik de gauche...
Martial Dumont