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Procès Stennier: Les médecins légistes écartent la thèse d'un accident, il assure n'avoir jamais voulu que tout ça arrive

Procès Stennier: Les médecins légistes écartent la thèse d'un empalement accidentel, il assure n'avoir jamais voulu que tout ça arrive

Les médecins légistes qui ont pratiqué l'autopsie du corps de Christophe Stennier, tué d'un coup de couteau dans le cou, le 8 août 2021 à Châtelet, sont venus témoigner devant la cour d'assises du Hainaut, lundi. Miguel Stennier est accusé du meurtre de son père.

Les légistes ont démonté la thèse accidentelle présentée par l'accusé lors de sa première audition, mais aussi par sa maman, témoin des faits. Christophe Stennier n'a pas pu s'empaler dans le couteau tenu par son fils, en chutant et s'inclinant vers lui.  
Une plaie de deux centimètres a été relevée sur le corps de la victime, entre l'épaule et le cou. La trajectoire de la lame est d'arrière en avant, du haut vers le bas, d'une profondeur d'une dizaine de centimètres, compatible avec le couteau à steak retrouvé sur place. L'auteur a dû employer une certaine force pour faire entrer la lame, entravée par une partie osseuse. 
Le coup de couteau a provoqué une lésion de l'artère sous clavière droite. Le lobe supérieur du poumon droit a également été traversé par la lame. Le sang s'est écoulé en dehors du corps, mais aussi dans la cage thoracique. Le choc hémorragique a provoqué la mort de Christophe Stennier. 

Cet examen médico-légal contredit la thèse accidentelle. "Selon cette thèse, la trajectoire aurait été d'avant vers l'arrière", répond un médecin légiste. Selon les légistes, cette trajectoire n'est pas compatible avec un empalement "pour des raisons anatomiques". Et de conclure: "c'est classique d'une main qui vient d'en haut". 
L'examen révèle aussi que Christophe Stennier était bien plus grand et plus imposant physiquement que son fils. 
L'examen toxicologique révèle que père et fils avaient bu de l'alcool. Le fils avait consommé du cannabis en plus. 
Le couteau à steak est bien l'arme du crime, selon l'expertise génétique. L'ADN de l'accusé se trouve sur le manche et celui de son père sur la lame.
Enfin, l'examen mental confirme que l'accusé est responsable de ses actes. 

Miguel Stennier : "je n'ai jamais voulu ce qui est arrivé"

"Je n'ai jamais voulu ce qui est arrivé", a-t-il déclaré. L'homme âgé de 27 ans raconte qu'il pratiquait le taekwondo. Il précise qu'il fut d'ailleurs champion d'Europe et de Belgique dans ce sport de combat. Son papa était son professeur, lequel lui imposait un régime draconien afin qu'il soit performant. 
A l'âge de vingt ans, Miguel raccrochait son équipement de combattant. "Quand j'ai arrêté, il était déçu", dit-il. D'autant plus qu'il considérait son papa comme son meilleur ami, celui à qui il se confiait. "Je garde un souvenir exceptionnel de lui", déclare-t-il devant ses juges. 

A l'époque des faits, Miguel Stennier était séparé de sa compagne, et perdait son temps dans les jeux vidéo. Il n'était pas bien, sous antidépresseurs. Il déclare qu'il ne buvait qu'occasionnellement, le jour des repas de famille. Par contre, il consommait du cannabis, "car cela me calmait". 
Sa consommation s'est accentuée après sa séparation, et il finançait l'achat de drogues par le fruit de son travail. Parfois, les fins de mois étaient difficiles et il sollicitait l'aide de ses parents. Toutefois, il prétend qu'il privilégiait sa famille et le bien-être de sa fille, à la drogue. 

Le jour des faits, l'oncle et la tante de l'accusé étaient invités chez ses parents. "Roberto était mon oncle préféré, mais il a commencé à faire des remarques, me qualifiant de 'tox'". Roberto avait un fils, Samuel, décédé d'une overdose à l'âge de 24 ans. Miguel Stennier accusait son oncle et sa tante d'avoir abandonné leur fils, motif de la dispute qui a éclaté le 8 août 2021. 
L'accusé, qui se décrit comme nerveux mais pas violent, avait un taux de 1,49 gramme d'alcool par litre de sang. Le ton est monté avec son oncle et puis son père. Il s'est battu avec son père et ils se sont retrouvés au sol. 
Il raconte la scène. "Au lieu de nous séparer, mon oncle m'a porté des coups. Après j'ai un trou noir. Quand je me suis relevé, mon père était dans la salle de bains. Si je me souviens bien, je prends une fourchette de barbecue et je la dépose sur la table, à la demande de ma mère. J'entends mon oncle qui crie dans la rue, je sors et on se menace. Je mets quelques coups dans sa voiture, peut-être avec le couteau. Je voulais qu'il parte, c'est tout". Un témoin a déclaré qu'il avait vu l'accusé sortir avec un couteau dans la main. 
Miguel Stennier est rentré chez lui. "Mon père était dans la salle de bains. Il m'a demandé si le couteau, que je tenais dans ma main gauche, était pour lui, en s'avançant vers moi. Je n'arrive pas à expliquer la suite. Je l'ai vu se tenir le cou avec sa main. Je n'ai jamais voulu ce qui est arrivé. Je vis avec cela sur la conscience depuis deux ans, c'est plus dur que la prison". 
L'accusé prétend qu'il a tenté de se défendre face à son père qui fonçait vers lui, et qu'il n'avait pas l'intention de le tuer. 
Quand la police est arrivée, Miguel Stennier était couché, en position fœtale, à l'entrée de la maison. Il semblait être en état de choc, selon les témoins. 
L'avocat général note que l'accusé a donné cinq versions différentes à la police. "Laquelle se rapproche le plus de la réalité?", demande-t-il. "La dernière", répond l'accusé. "Et pourquoi n'avez-vous pas porté secours à votre père vous-même ?" L'accusé répond qu'il était en état de choc.

Le procès continue ce mardi avec les auditions des témoins des faits.

Source: Belga


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