Chaque année en octobre, les projecteurs se tournent pendant quelques jours vers la psychiatrie à l’occasion de la semaine de la santé mentale. Pour cette édition 2023, le focus est mis sur les liens entre la santé mentale et le travail, et donc le burn-out. Appelé aussi épuisement professionnel, il peut toucher n’importe qui à n’importe quel moment.
Isabelle est une patiente de l’hôpital de jour psychiatrique de Sainte-Thérèse, au sein de la filière « burn-out ». Il y a 10 ans, elle rentre de vacances sans savoir qu’elle ne sera pas en mesure de retourner travailler le lundi.
« Le samedi, j’ai fait les lessives et autres tâches que l’on fait en rentrant de vacances. Et le lundi, je devais retourner à l’école, car j’étais institutrice, mais je n’ai pas su me lever de mon lit. Mon cerveau voulait, mais mon corps ne savait plus », témoigne Isabelle.
Au cours d’une vie, on passe près de 99 000 heures à travailler, soit près de 11 jours cumulés. Le travail régit notre quotidien, mais il peut être la cause d’un mal-être profond.
« Le burn-out c’est l’épuisement professionnel. C’est une maladie qui, par des difficultés dans le travail, amène à s’épuiser de plus en plus. Mais aussi à s’investir de plus en plus à perte, sans avoir beaucoup de résultats positifs, ce qui amène à un épuisement complet », explique le Dr Xavier De Longueville, psychiatre et chef de service de psychiatrie.
Savoir repérer les symptômes
Un mauvais sommeil, du stress, tomber souvent malade ou encore des douleurs abdominales sont des symptômes à prendre en compte. Avant ça, certains facteurs favorisent le burn-out :
« Ce sont souvent des personnalités perfectionnistes, qui pensent beaucoup aux autres, qui ont du mal à mettre des limites, qui s’investissent beaucoup et qui donnent beaucoup d’importance au travail. Et donc ces personnes vont s’épuiser à essayer de fonctionner dans un système qui n’est pas bon pour elles. »
Sans compter qu’après la crise sanitaire, les cas se sont multipliés.
« Les chiffres augmentent, en Belgique le burn-out est le coût le plus important dans les maladies de longue durée. Le burn-out coûte plus cher que le chômage. »
Prendre du temps pour soi et pour en parler
À l’hôpital de jour psychiatrique de Sainte-Thérèse, les patients sont pris en charge 2 demi-journées par semaine afin de faire différentes activités. L’objectif est de traiter les multiples facettes du burn-out.
« Le programme est organisé autour de groupes de parole sur des thèmes spécifiques au burn-out : perfectionnisme, surinvestissement, manque d’estime de soi… C’est complété par d’autres approches telles que la méditation, le sport, la théâtrothérapie… », précise Xavier De Longueville.
« Le but est de leur permettre de retrouver de la fantaisie et de rire à nouveau. Et après quelques séances, les patients retrouvent déjà le sourire », ajoute Georges Volral, comédien animateur.
« J’ai trouvé ce groupe, je me suis dit que c’était ma dernière chance. La dynamique de groupe peut faire peur, mais finalement elle porte énormément. Entendre les autres en parler, ça aide à légitimer, ce qui est très compliqué. Beaucoup ne comprennent pas et se demandent pourquoi je suis encore en arrêt maladie par exemple, mais je n’ai pas consciemment choisi ça », insiste Isabelle, la patiente.
Cette semaine de la santé, c’est donc l’occasion de mettre en lumière le burn-out, mais aussi les manières de l’éviter.
« Il faut pouvoir se remonter dans l’ordre des priorités. Souvent, on fait passer la vie professionnelle, la vie familiale, la vie de couple, la vie sociale avant. Et seulement s’il reste du temps, on pense à soi. Il faut se faire remonter, car c’est bon pour tout le monde : la personne, sa famille, le travail… Car on sera plus amène à tenir le coup », conclut Xavier De Longueville, psychiatre et chef de service de psychiatrie.
Tout le monde peut sortir d’un burn-out, même si le processus est long. Il est donc primordial d’en parler et de réagir dès les premiers symptômes.
A.P.