L’annonce de Michaël O’leary, ce week-end, n’a pas plus à tout le monde et sûrement pas aux représentants syndicaux de BSCA qui s’inquiètent déjà suffisamment de l’avenir de l’aéroport régional sans cela. Le Setca a donc demandé la tenue urgente d’un Conseil d’entreprise et d’un comité de prévention et de protection du travail (CPPT).
Vendredi 1er mai, la compagnie à bas coût Ryanair annonçait la suppression de 3.000 emplois, principalement parmi les pilotes et le personnel naviguant, en raison de la paralysie du transport aérien. Une déclaration qui n’a pas l’air de surprendre Alain Goelens, le secrétaire permanent du Setca mais qui l’inquiète au regard de l’avenir de BSCA.
« C’est clair que l’aéroport est en danger. Les sources de financement habituelles ne sont pas là. Même si nous avons obtenu de l’Europe un report pour les loyers, il n’en demeure pas moins qu’il faudra rembourser à terme et donc la situation de l’aéroport est préoccupante, si on ne reprend pas rapidement les activités. »
Le SETCa a donc demandé à la direction de l’entreprise qu’un Conseil d’Entreprise et un Comité de Prévention et de Protection au Travail soient tenus au sein de BSCA afin de faire le point tant sur l’aspect financier et économique de l’aéroport, mais également sur les mesures qui vont être mises en place afin de garantir la sécurité et le bien-être du personnel et des voyageurs.
Du côté de BSCA, on se dit prêt à toutes rencontres et négociations.
« La direction a marqué son accord pour une rencontre au sein d’un conseil d’entreprise exceptionnel et mettra tout en oeuvre pour que des conditions de travail acceptables par tous les travailleurs soient mises en place à l’image de ce qui se fait dans d’autres aéroports en Europe. Nous confirme le porte parole de l’aéroport, Vincent Grassa. Toutefois, nous sommes pour l’instant dans l’expectative avec beaucoup de questions et autant de nombreuses zones d’incertitude »
Un redémarrage des activités de BSCA, sans Ryanair
BSCA a déjà laissé entendre qu’il pourrait reprendre ses activités commerciales en juin. Mais cela à condition que l’état fédéral donne la permission aux belges de voyager. Car sans voyageurs pas de vols et sans vols pas d’activité commerciale à Charleroi Airport.
« Je pense qu’une petite activité pourrait éventuellement fonctionner, nous dit Alain Goelens du Setca, maintenant c’est clair que avoir un aéroport fonctionnant normalement sans Ryanair c’est difficile. Ce qui est étonnant c’est qu’une série de compagnies affichent leur volonté de redémarrer. Donc, on pourrait croire que par ses déclarations Michaël O’leary affiche clairement sa volonté de ne pas avoir de sièges vides dans ses avions. C’est une forme de pression sur le monde politique, et c’est à l’Europe de réagir face à ce « chantage ». »
Vincent Grassa, porte-parole de l’aéroport est un peu plus optimiste que le syndicaliste, même si BSCA n’a eu aucun contact et n’a reçu aucune information de son client principal.
« Ryanair représente 70% de l’activité certes, mais les compagnies TUI, Air Belgium et Wizz air, entre autres, se sont dit prêtes à redémarrer en juin. La reprise, encore une fois si elle est autorisée à la fois par la Belgique et les pays de destination de nos compagnies, se fera de manière partielle et progressive, bien évidemment. Nous ne pouvons espérer un retour à la normale que d’ici la fin de l’année, voire le début de l’année prochaine. »
Mais il nous affirme aussi que l’aéroport peut tenir, l’ensemble du personnel est actuellement au chômage temporaire et des analyses régulières de la situation sont effectuées pour tenter de revenir au plus vite à une situation plus favorable. BSCA attend un feu vert du gouvernement fédéral et de l’Europe, et en 72 heures tout peut redémarrer.
Des aides d’Etat pour l’ensemble du secteur
Au vu de cette situation et de celle des autres aéroports du pays, Alain Goelens et le Setca estiment que l’Etat doit envisager un plan d’aide aux aéroports « vivant » du passager, mais aussi des compagnies aériennes belges (SN, TUI, Air Belgium,..). Le Fédéral ne peut se limiter à soutenir SN Brussels Airlines sans par ailleurs exiger de compensation de la Lufthansa, actionnaire à 45% de la compagnie belge.
« Pourquoi refinancer SN Brussels Airline seul, même si on partage cette volonté de sauver l’emploi, alors qu’il n’y a pas que SN qui se porte mal. Il faut penser aux autres compagnies et aussi penser que si SN reprend ses vols, elle peut atterrir et se poser aussi à Charleroi ou Anvers par exemple. Ce serait une compagnie « nationale » et donc ce serait logique qu’elle desserve aussi les aéroports de l’ensemble du pays. »
Le Setca veut donc saisir l’opportunité qu’offre cette crise pour réfléchir à une nouvelle synergie stratégique de l’ensemble des aéroports du pays.
« Si chacun a ses compétences et spécificités il n’en demeure pas moins que l’on ne doit pas être des concurrents au sein d’un même pays, comme cela a été trop souvent le cas dans le passé ! »
Enfin, au sein de l’aéroport carolo, le syndicat souhaite aussi revoir globalement et en concertation sociale totale et transparente, la vision d’avenir et d’investissement de BSCA avec un Conseil d’Administration fort et sérieux. Le Setca regrette qu’il n’y ait toujours pas de Président nommé, depuis presque 9 mois dans le second aéroport du pays.