La filiale de Deltrian située à Fleurus et spécialisée dans la production de masques est en liquidation.
Elle était pourtant il y a quelques mois un instrument clé de la lutte contre la crise du covid.
« Nous arrêtons définitivement la production de masques, et tous les biens liés à cette production sont vendus. La cause est principalement le prix de notre masque face à la concurrence des masques chinois. On ne peut pas les concurrencer, nous devions donc prendre une décision », indique Jean Kalyvas, directeur communication et marketing de Deltrian.
Souvenez-vous, en 2020, le covid franchit nos frontières, mais la Belgique ne dispose que de peu de masques. Deltrian, spécialiste de la filtration d'air, se lance alors dans la production de filtres, notamment à glisser dans les masques en tissus. Ils sont distribués à des millions de belges.
« C’est un filtre un peu magique, car il pleut-être lavé 25 fois et on peut confectionner un masque à base de ce filtre », explique à l’époque Jurgen Alexius, CEO de Deltrian.
L’entreprise produira ensuite différents masques.
Des masques made in Wallonie
Les politiques, notamment Willy Borsus (MR), se félicitent de relocaliser l’industrie dans notre région.
« Je suis fier des capacités wallonnes. En près de 2 mois, nous avons créé cette capacité industrielle », indiquait le ministre wallon de l’Économie.
Près d’1,5 millions de masques sont produits par semaine au plus fort de la crise. Mais en 2022, le covid semble derrière nous et la demande de masques aussi. En parallèle, la concurrence chinoise met à mal l’entreprise. Jean-Jacques Cloquet, président de Deltrian Protective Equipment, envisage alors 2 solutions :
« Soit on limite la casse et on arrête la société, soit on maintient l’activité afin d’être prêts au cas où. »
Coup de grâce fin 2022, les masques tombent : c’est une société française qui remporte l’appel d’offres afin de maintenir une réserve stratégique de masques pour la Wallonie.
Fierté et solidarité
Le gouvernement wallon a-t-il son rôle à jouer ?
« Nous ne pouvons pas dire que nous avons été abandonnés. Nous avons toujours travaillé ensemble pour trouver des solutions. Mais dans le cadre d’un appel d’offres, l’élément important c’est le prix. Nous ne sommes pas abandonnés, mais nous faisons avec les règles du système », indique Jean Kalyvas, directeur communication et marketing - Deltrian.
Si c’est ici que se termine cette succes story des masques wallons, ce n’est pas pour autant que la déception prend le dessus. L’entreprise reste fière de ce qu’elle a accompli.
« C’est une fierté pour toute la société. Nous y avons tous mis du nôtre, de l’ardeur, nous voulions aider le gouvernement et la Belgique. Nous avons fait notre part du boulot », conclut Jean Kalyvas.
Deltrian gardera cette solidarité et cette résilience dans son ADN. Aucun regret face à ses 2 années.
A.P.