Il y a environ un mois, des inondations frappaient notre pays. Aujourd’hui, face à la détresse psychologique grandissante chez les sinistrés, l’ASBL « Un pass dans l’impasse » organise des visites d’équipes mobiles de psychologues. Cette ASBL aide d'habitude les indépendants, mais depuis les inondations, elle a élargi ses aides aux sinistrés.
Depuis le 26 juillet, des équipes mobiles de psychologues parcourent les zones touchées par les inondations, à travers le pays, à la rencontre des sinistrés. Ce mercredi, c'est dans les rues d’Aiseau-Presles que les psychologues proposent leur aide. Par binômes, ils marchent de maisons en maisons, parlent avec les sinistrés, et les informent.
« On essaye d’être le plus informel possible, car on remarque qu’ils ont vraiment besoin de ça. Ça doit être chaleureux. Donc on vient voir comment ils se sentent, s’ils ont envie d’en parler. Et rien que ce petit temps d’échanges, ça leur fait du bien et ils nous le disent. Parce qu’on ressasse toujours les choses négatives avec la famille, les amis ou bien les voisins. Et en parler à quelqu’un d’extérieur, ça fait du bien », explique Margaux Carlier, psychologue d’« Un pass dans l’impasse ». « On est vraiment dans un système de prévention. Nous sommes venus en post-crise, quelques jours après les inondations. »
Les psychologues donnent aux victimes des inondations des numéros, et des contacts qui feront le relais à moyen et long terme.
Angoisse, tristesse et fatigue
Pour les personnes sinistrées, ce soutien psychologique est plus que nécessaire. Car si les dégâts matériels sont énormes, les dégâts psychologiques le sont tout autant. Ils témoignent :
« Je ressens beaucoup de stress et de tristesse. Quand on voit les années passées dans cette maison, 50 ans, les sacrifices que j’ai faits pour obtenir ce que j’ai, et perdre ça sur 2 jours ce n’est pas l’idéal. On est démoralisé, car rien n’avance point de vue des assurances. Nous sommes donc toujours dans le doute : va-t-on être remboursé ? Comment va-t-on être dédommagé ? », se questionne Lino Bonelli.
« Nous sommes très fatigués, comme tout le monde. Mais je crois que les dégâts psychologiques vont apparaître au fur et à mesure du temps, petit à petit. Heureusement, on se soutient dans la rue », explique Ingrid Delatte.
Certains font des cauchemars, d’autres angoissent pour les assurances : chacun réagit différemment.
La crainte de nouvelles inondations
Ce qu’ils craignent le plus, c’est le retour de nouvelles inondations. En ces périodes de pluie, ils guettent le ciel et craignent.
« Parfois la nuit, on se réveille, surtout si on prévoit de la pluie. On scrute le ciel tout le temps… Tout le temps », déplore Teresa Piazza.
« Quand on a des averses comme ces deux derniers jours, je m’inquiète. Je ne travaille pas loin, et je viens vérifier la maison. C’est incroyable », redoute Bruno Berdoyes.
Un mois après les inondations, la tristesse et la fatigue se sont emparées des sinistrés.
« Je pense que je ne vivrai plus jamais de la même façon. Et je pense que, quand j’aurai fini les travaux, il n’y a pas intérêt à ce que ça recommence, parce que je m’en vais ! Ce n’est pas possible, c’est incroyable. Il faut le vivre pour le croire. J’ai un caractère fort, mais j’ai pleuré. Je vous promets que j’ai pleuré », se confie Bruno.
Les psychologues conseillent de parler
Pour continuer à avancer malgré tout, les psychologues conseillent notamment de parler et de s’écouter. C’est primordial selon eux. Margaux Carlier, psychologue d’« Un pass dans l’impasse », informe :
« Le tout premier conseil c’est : c’est tout à fait normal. Il ne faut pas se sentir faible, ou dans l’échec, de pleurer ou de mal dormir. Votre corps réagit normalement à un événement anormal. Mais c’est vrai qu’il faut prendre soin de soi, qu’il faut s’écouter. Et ne pas forcément venir tous les jours nettoyer la maison : c'est fatiguant, et c’est retourner dans ce qui s’est passé. Il faut s’économiser, s’écouter. Et surtout ne pas hésiter à en parler à des amis, à des voisins, ou même, si nécessaire, à des professionnels de la santé. »
Ces équipes mobiles de psychologues d’Un pass dans l’impasse feront encore le tour des zones sinistrées durant tout le mois prochain. Elles reviendront dans la région le 23 septembre.
- Aide pour la population : 107
- Aide pour les indépendants : 088/300.25
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Publiée par Un pass dans l'impasse asbl sur Mardi 17 août 2021