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Les services d’aide et de protection de la jeunesse en grève : « Nous devenons nous-même maltraitants »

Depuis près de 2 semaines, les services d’aide et de protection de la jeunesse tournent au ralenti. 24 des 26 services de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont en grève. En cause : ils ne peuvent plus assurer leurs missions, et aider comme ils l’aimeraient les enfants et les jeunes.

Muni d’affiches, de slogan et de masque, le personnel des services de Charleroi, notamment, proteste. L’objectif est d’obtenir plus de moyens et de nouvelles places structurelles pour les mineurs afin de faire au mieux leur travail.

« Nous n’arrivons plus à mener à bien nos missions par manque de moyens. Nous ne savons plus traiter les urgences, nous avons des bébés à placer, mais les services sont saturés : nous n’avons pas d’autres choix que de les placer dans les hôpitaux par exemple. Ils changent régulièrement d’endroit, ce qui va créer chez ces enfants de l’insécurité et des troubles de l’attachement. Donc nous disons stop, car nous devenons nous-mêmes maltraitants et ce n’est pas possible », témoigne Coraline Smaniotto, déléguée syndicale au SPJ.

« Il y a de nombreuses mises en arrêt de travail. Il y a une fatigue et un ras-le-bol général. Quand on rentre chez nous, on pense toujours à nos dossiers, à nos familles, aux enfants… Ça ne s’arrête jamais », ajoute Delphine Ghys, déléguée syndicale au SAJ.

Des enfants en souffrance

La situation des travailleurs, et donc celles des mineurs qu’ils doivent aider, devient invivable.

« Il y a 2 semaines, 7 bébés se trouvaient dans les hôpitaux. Aussi, nous n’arrivons pas à mettre en place l’aide en famille, ça tourne donc au drame et on procède au placement alors qu’on aurait pu l’éviter. Des plus âgés se retrouvent à la rue. En 2023, nous avons des enfants de 0 à 18 ans qui sont à la rue et le gouvernement ne répond pas à nos appels », regrette Julie Lombardo, déléguée syndicale SPJ.

Les exemples sont malheureusement multiples.

Des répercussions au sein des cabinets d’avocats

Ce mouvement de grève n’a pas la visibilité escomptée, et pourtant, il a ses raisons et ses conséquences. Selon Me Nathalie Cauchie, avocate au barreau de Charleroi, spécialiste dans le droit de la jeunesse, des rendez-vous sont annulés et des décisions ne se prennent pas.

« Les urgences sont quand même traitées. Mais avec le manque de moyen auquel font face les services, il n’y a parfois pas de solution. Et la grève ne change rien à ça », ajoute-t-elle.

Les difficultés ne sont donc pas forcément provoquées par cette grève. Elles durent depuis bien plus longtemps.

« La situation n’est plus gérable depuis des années. Le manque de places empêche de trouver des solutions. Une maltraitance institutionnelle s’installe par moment, notamment quand l’on trouve de la place, mais uniquement pour un seul membre d’une fratrie. Ce n’est pas ce qu’on veut », ajoute Me Cauchie.

Le secteur est donc en grande difficulté. Les grévistes ne comptent pas s’arrêter de si tôt, ils veulent assurer le bien-être de leurs jeunes. Selon eux, la grève ne s’arrêtera qu’une fois qu’ils seront entendus.

A.P.


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