Les PFAS, ces « polluants éternels », ont fait parler d’eux lors du dernier conseil communal de Charleroi. Plusieurs conseillers ont interpellé la majorité à ce sujet, en posant notamment des questions sur l’aéroport. Faisons l’état de la situation.
Qu’est-il des PFAS à Charleroi et aux alentours ? Peut-on toujours boire l’eau du robinet ? L’aéroport et les broyeurs à métaux comportent-ils un risque ? Les Carolos se posent de nombreuses questions sur les polluants éternels suite aux dernières révélations.
« D'après les informations dont on dispose, de la Société wallonne des Eaux, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire. On est toujours très très largement en dessous de la norme de 100 ng/l de PFAS : entre 2 et 8 », rassure Xavier Desgain (Écolo), échevin de la Transition écologique à Charleroi. « Il y a encore quelques points de distribution qui doivent être étudiés, mais on ne s'attend pas à des informations très différentes. »
Pour répondre aux nombreuses questions des citoyens, la Wallonie a ouvert le numéro de téléphone 1718. La SWDE (Société wallonne des Eaux) a également mis à disposition un site internet où chacun peut consulter les dernières analyses de son eau, mais certaines rues n'ont pas encore de données.
L’aéroport de Charleroi : une cause parmi d’autres ?
Parmi les craintes des citoyens figuraient notamment les abords de l’aéroport de Charleroi. Une analyse de l’étude révélait une teneur en PFAS 7 fois supérieure à la future norme européenne qui sera fixée à 100 ng/l: 725 ng/l. Mais les données pourraient être faussées selon l’aéroport, puisqu'elles concernent un ruisseau.
« On porte une attention certaine à ces données. La seule chose qui peut être remise en doute, c'est la provenance de ces 725 ng/l et la manière dont l'étude a été menée », précise Quentin Evrard, manager en développement durable de BSCA.
« Je ne conteste pas leur version », commente Germain Mugemangango, conseiller PTB. « Le plus important, c'est que cette contamination existe. Manifestement, on nous dit que l'eau ne va pas dans l'eau de distribution, mais je pense effectivement que l'échevin et le collège doivent vérifier ça très rapidement. »
La réunion d’information préalable concernant le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport a lieu le 12 décembre. La Ville a donc demandé que la question des PFAS soit intégrée à l’étude d’incidence.
« Nous n’avons pas encore les résultats. On ne sera pas capable d'y répondre le 12 décembre, parce que ça prend du temps », ajoute Quentin Evrard.
En attente des résultats pour agir
La contamination ne concerne pas seulement l’eau, elle peut être effectuée par l’air que nous respirons. Le conseiller Maxime Felon a également relevé que la Ville de Mons a émis des mesures préventives pour les habitants de Nimy-Obourg, lieu où se situe un broyeur à métaux.
« Cela devrait nous alarmer puisqu’il y a, sur le territoire ou à proximité directe, 2 broyeurs à métaux : Derichebourg à Marchienne-au-Pont et Keyser à Courcelles, à proximité de la rue du Pircha (pour laquelle la SWDE n’a pas de données). »
« Concernant les broyeurs à métaux, un biomonitoring avait été lancé auprès des habitants à proximité et les résultats devront être révélés début 2024. En fonction, nous verrons si des mesures doivent être prises », répond l’échevin.
Les résultats de différentes analyses sont donc attendus afin d’agir. De son côté, la ville a également demandé à IGRETEC de faire des analyses dans les stations d’épuration sur le territoire communal. Mais en attendant doit-on faire attention ?
« On attend encore quelques analyses complémentaires. Ça doit être fini dans les 15 jours et c'est à ce moment-là que chacun pourra être tout à fait sûr de la qualité de son eau. Nous l'avons fait avec les différents cabinets pour les écoles, pour les crèches, pour toute une série de communes. Et on voit que dans la majorité des cas, on a déjà des données et qu’elles sont rassurantes », conclut Xavier Desgain.
La Société wallonne des Eaux s’est engagée à effectuer un prélèvement de l’ensemble de son réseau dans les 15 jours qui arrivent. Au niveau de la ville de Charleroi, le sujet des PFAS pourrait être approfondi en commission.
A.P.