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Des ouvriers sous-payés sur le chantier du GHDC à Gilly ?

Des ouvriers sous-payés sur le chantier du GHDC à Gilly ?

Selon nos confrères de la Rtbf, les ouvriers roumains actuellement occupés sur le chantier seraient sous-payés voire même exploités par la société qui les a engagés en Roumanie.  Des contrôles ont pourtant été effectués par l’Auditorat du travail en septembre dernier, mais rien n’a été détecté. 

Contrôle sur chantier, une opération régulière

A Charleroi, l’Auditeur du travail n’est jamais avare d’une descente sur l’un ou l’autre méga chantier, on se souvient des contrôles à répétition durant la construction de Rive Gauche.  Le 3 septembre dernier, c’est le futur Grand Hôpital de Charleroi à Gilly qui était visé.  Une centaine d’ouvriers étaient contrôlés par 25 policiers, mais  aucune infraction n’avait été relevée. Et l’Auditeur de préciser, à l'époque, qu’il s’agissait d’une intervention en accord avec le GHDC, celui-ci souhaitant que les travaux se déroulent sans qu’aucune infraction ne soit commise.

Une quarantaine d’ouvriers concernés

Pourtant, ce matin, nos confrères de la Rtbf révèlent qu’une quarantaine d’ouvriers sont « inquiets et préoccupés » par ce qui leur arrive depuis qu’ils ont commencé à travailler sur le chantier Carolo.  En effet, depuis leur arrivée à Gilly, un quart de leur salaire est systématiquement prélevé pour être envoyé en Roumanie.  Mais plus inquiétant encore, ils n’ont reçu aucune explication quant à la destination de ces fonds.  Une pratique qui s’apparente à celle des négriers fin des années 80. 

Plusieurs ouvriers ont témoigné sous couvert de l’anonymat et il s’avère alors que leur contrat n’a finalement que peu de valeur au regard de la loi Européenne sur les travailleurs détachés. Contrat dans lequel il est clairement indiqué que le travailleur est engagé par la SA Hidroconstructia pour la réalisation d’un chantier en sous-traitance pour les sociétés S.M. Gilly 2024, Franki SA et Jan de Nul NV, les sociétés donneuses d’ordre et responsables du chantier. 

Hidroconstructia qui dispose d’un siège en Belgique et un autre à Bucarest, n’applique pas, conformément à la loi anti-dumping les avantages du régime belge à ses travailleurs, elle n’est par exemple, pas répertoriée à l’OPOC, Office Patronal d’Organisation et de Contrôle des Régimes de Sécurité d’Existence, une obligation pour toutes entreprises qui travaillent sur notre territoire. De plus, sur papier, les conditions salariales appliquées à ces travailleurs sont conformes à la convention collective CP124 belge, mais une fois que l’étrange « retenue sur salaire » est appliquée, ils sont largement en dessous du salaire minimum, leur employeur est donc dans l’illégalité. 

L’offre était pourtant alléchante ! 

Sur la page Facebook de la société qui les a engagés, ces ouvriers ont trouvé une offre plutôt alléchante. « Hidroconstructia embauche de toute urgence pour la Belgique (…) chef d'équipe, charpentiers, forgerons, (…) Nous offrons un salaire motivant selon la performance et l'expérience, le transport et l'hébergement, la continuité au travail. » La réalité, elle est tout autre, ces ouvriers sont arrivés en Belgique dans un minibus, ils ont été installés à 23 dans une maison de Jumet sans confort.  Ils travaillent 9 heures par jour et sont payés 8h. Des conditions d’un autre siècle, comme en attestent aussi leurs fiches salariales, de simples morceaux de papier sur lesquels figure le montant de la rémunération avec un petit BE, montant duquel il faut déduire la fameuse somme à rembourser à côté de laquelle sont écrites clairement les lettres RO.  Des documents qui n’ont aucune valeur légale.  La société pousse même le vice jusqu’à faire verser les sommes en Roumanie par les ouvriers eux-mêmes. 

Le monde syndical effaré  

Une fois la parole de ces travailleurs libérée, le monde syndical a réagi.  Carlo Briscolini, secrétaire régional de la FGTB, qui est déjà intervenu sur le chantier de Rive Gauche n’a rien vu venir : « Sur leurs contrats, ceux que j’ai pu parcourir, c’est très clair : la convention du secteur de la construction CP124 est plus ou moins respectée. » Il ajoute « C’est hallucinant de voir que, des années après le déclenchement des premières mesures pour contrer le travail au noir, ici, les sociétés sont devenues expertes dans l’art de ne pas se faire prendre mais continuent de tirer des profits sur le dos des ouvriers. Dans le cas présent, c’est même à la limite de l’indétectable. »  Mais loin de se croiser les bras, Carlo Briscolini, a interpellé l’Auditorat du travail de Charleroi, ce matin. 

Réactions en chaîne

Ce matin, des contacts ont également eu lieu entre le secrétaire régional, le substitut de l’Auditorat du travail de Charleroi et la direction générale de l’association momentanée Franki-DeNul, à l’initiative du responsable de projet du GhdC. On apprend donc que les entreprises Franki-DeNul qui gèrent l'ensemble du chantier, ont mis un terme il y a 10 jours au contrat de sous-traitance avec la société Hidroconstructia. Le motif principal de cette rupture de contrat résiderait exclusivement dans des défauts d’organisation et d’exécution sur chantier, les ouvriers terminent leurs prestations cette semaine et sont remplacés.  

Autre conséquence, ce matin, la police a perquisitionné les maisons de Jumet où sont installés les ouvriers, il n’en resterait plus que 17 sur 40, les autres ayant déjà été renvoyés en Roumanie.  

Du côté du GhdC, la direction se dit scandalisée par de telles pratiques « Force est de constater que malgré une attention toute particulière au respect des règles et des personnes, nous sommes collectivement impuissants face à l’ingéniosité criminelle de quelques-uns ».  Car il est vrai que malgré toutes les mesures prises, ces agissements restent difficiles à détecter et la réalité de ces ouvriers roumains est, à notre époque, relativement inimaginable.  

 


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