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Pas d’affluence dans les commerces mais tout est relatif (vidéo)

A quoi fallait-il s’attendre pour cette première semaine de réouverture des magasins ? Personne ne pouvait le prédire.  Au vu des affluences records dans les pépinières et dans les fast food, certains s’attendaient sans doute à un retour massif de clients. Ce ne fut pas le cas, mais tout est relatif comme nous l’explique Catherine Maroquin, qui possèdent plusieurs magasins de vêtements.

Comme de nombreux autres commerces, Catherine a rouvert les portes de ses 6 magasins, lundi passé A Charleroi, chez Tand’M à la rue de Montigny, « Ce n'est pas la grosse foule nous dit la maman de la gérante qui est sur place, mais les clients sont dans l’ensemble très respectueux et ceux qui sortent le font vraiment parce qu’ils ont besoin de quelque chose et qu’ils ont plaisir à nous revoir.»  Mais ce retour des clients, n’est pas le même partout, dans les centres commerciaux, c’est parfois même plus compliqué qu’en ville.  

« Nous sommes implantés à Mons, Nivelles et Namur en plus du centre ville de Charleroi. Dans les centres où il n’y a pas de toilettes, (et oui ça tient à rien), les gens ne s’attardent pas à faire leurs courses. A Mons, par exemple, où le centre a bloqué totalement l’accès aux toilettes, les clients sont moins nombreux. Nous allons donc devoir y réduire notre plage horaire, passer d’un 10h-20h à un 10h-18H, pour faire l'économie d'une rotation et donc d'une vendeuse.  Par contre, à Nivelles, c’est un peu mieux, il y a une toilette sur deux ouverte.»

En centre ville, et particulièrement à Charleroi le commerce n’avait pas besoin du Coronavirus pour souffrir. 

« Charleroi est difficile comme ville en comparaison avec Nivelles, Mons et Namur. Il suffit de regarder le nombre de magasins fermés particulièrement dans la rue de Montigny, soit parce que les loyers n’ont pas diminué, soit parce que les gens font faillite.  Les travaux qu’on nous a fait miroiter pendant 8 ans, n’ont rien arrangé, on est en train de mourir à petit feu et la crise sanitaire ne fait qu'accélérer le processus !  Alors, le "gag" à Charleroi, ce sont ces marquages au sol devant les magasins imposés par l'échevine et les barrières Nadar à la rue de Dampremy, comme à la rue Neuve à Bruxelles, pour installer un sens de circulation en ville, c’est risible.  Les autorités ne savent-elles pas que le flux n’y est pas ? Et ce depuis longtemps. » 

Rassurer les clients

Chez Catherine Maroquin, il y a désormais des masques et des visières en plexiglass pour les vendeuses. Du gel hydroalcoolique est installé à l’entrée pour que les clients se désinfectent les mains afin de pouvoir toucher les vêtements. Après essayage, les vêtements sont passés à la vapeur et reposent 24H avant de retourner dans les rayons. Le comptoir et les bornes de paiement sont également régulièrement désinfectés. 

Une nouvelle façon de travailler  qui n’est possible qu’avec un flux de clients réduit.

« Nous avons trois à quatre clients par jour, pas plus, et encore parce que nous les appelons par téléphone et par mail, nous proposons aussi des ventes privées.  Nous sommes obligés de proposer des opérations commerciales, les enseignes qui ne le font pas, ne doivent pas voir grand monde. Appeler les clients, ça prend du temps, mais nous le faisons pour les rassurer, sur les mesures sanitaires, et ça paie. »

Selon, une enquête de l’UCM (voir ci-dessous) 84 % des commerçants prévoient que leur activité ne sera pas encore rentable en juin et qu’ils pourraient devoir faire appel au droit passerelle. Catherine Maroquin a tout mis en place pour garder ses boutiques à flot.  Elle a bloqué ou retardé tous les paiements possibles, elle a dû mettre son personnel au chômage temporaire, soit une vingtaine de personnes.  Elle a pu bénéficier du droit passerelle et de la prime unique de la Région Wallonne, qu’elle n’a toujours pas reçue d'ailleurs. Certains de ses propriétaires ont été conciliants, mais elle craint qu’avec la réouverture, ils ne reviennent à l’attaque. 

Le constat de Catherine Maroquin est limpide : 

« Sans l’Horeca, il n’y a pas de clients, on ne sait pas se poser, boire un verre et aller aux toilettes. Sur ces mois de disette, nous pouvons compter 65 à 70% de chiffre d’affaires en moins.  C’est énorme ! » 

La joie de revoir les clients

Cette réouverture a en tout cas permis à notre commerçante, de revoir ses clientes, de revenir à son métier.  Deux mois de misère sans un euro c’est long.  Elle n’était pas en danger financièrement car elle a eu la chance de très bien commencer l’année, mais il était temps d'ouvrir les portes des magasins et particulièrement à Charleroi. Même s'il n'y a plus beaucoup de flux, parce que les politiques, dit-elle, n’ont rien fait pour sauver la ville. 

Et pour les clientes Catherine Maroquin a un message : 

"Il faut réapprendre à consommer mieux ! Acheter moins et dans le respect du travail. Consommer local et faire confiance à son commerçant." 

Et pas uniquement dans le secteur alimentaire.  C'est au minimum ce que cette crise devrait nous apprendre.

Une réaction rassurante où la raison l'emporte

Pour le directeur médical du GHdC, Manfredi Ventura, la raison l’emporte sur le besoin d'achat frénétique. Il compare cette situation avec la réouverture des consultations dans les hôpitaux sur lesquelles les patients ne se sont finalement pas rués non plus. 

"Il semblerait qu'il n'y ait pas eu de précipitation, ni pour les commerces, ni pour les hôpitaux.  Les gens ont peur, semble-t-il, d'être proche les uns des autres. Même si l'on constate que dans l'ensemble il y a eu plus de sorties que pendant la première période de confinement. La population est de plus en plus consciente qu'il faut absolument garder ses distances, mais du coup à force de penser comme ça, effectivement, il n'y a plus personne qui sort. C'est dommage pour le commerce mais efficace face à l'épidémie."

La population alertée par les médias et responsabilisée face aux chiffres publiés chaque jour est consciente mais aussi effrayée et c'est sans doute ça qui aujourd'hui les retient. 

"Il faudrait sans doute une meilleure communication des petits commerces.  Les files d'attente, les contrôles à l'entrée des grandes surfaces ont sans doute un effet rassurant sur les clients.  Dans les petits commerces, ils ont peur de se retrouver "coincés" à plusieurs."

Il n'en demeure pas moins que selon Manfredi Ventura, ce qui est primordial dans tous les cas, c'est de toujours respecter la règle des 1,50 m et de bien se désinfecter les mains. Il faut que le gel hydroalcoolique soit disponible dans les commerces. Les gants restent par contre la fausse bonne idée, ils sont d'ailleurs poreux comme certains masques. 

Depuis une petite semaine les chiffres à Charleroi comme ailleurs diminuent sensiblement, il y a moins d’admissions et les services commencent doucement à se vider.  Mais les spécialistes n'en démordent pas, il y aura une seconde vague. Faisons en sorte, tous ensemble, qu'il s'agisse d'une vaguelette. Pour l'instant au niveau belge, notre spécialiste est assez confiant, les chiffres sont bons, on peut être rassuré, malgré certains dépassements et les sorties non autorisées d'il y a 15 jours.

Un point positif pour ceux qui font confiance aux petits commerces, ce sont des gens prudents, responsables et attentifs, nous dit encore notre spécialiste. 

L’UCM plus alarmiste pour la survie des commerces

L'UCM, elle, est moins optimiste.  Elle a procédé à une enquête auprès des commerçants indépendants de Wallonie et de Bruxelles , sur 812 réponses à la question de l'affluence dans les magasins, 8 % des commerçants l'estiment supérieure à une semaine ordinaire de mai, 17 %,  "normale" et 75 % disent avoir reçu peu de clients. 

17 % des répondants n'ont pas de problème de trésorerie. Ils sont 28 % à estimer avoir besoin, rapidement, de 5.000 à 10.000 euros pour faire face à leurs charges. Ils sont 10 % à ne pas pouvoir payer la totalité de leur loyer (27 % ont trouvé un accord avec le propriétaire).

Pour être en capacité de poursuivre leur activité, 63 % vont diminuer leur rémunération personnelle, 57 % vont réduire leurs investissements, 50 % leur budget de publicité et 50 % prendront moins de stock (collection réduite).

Face à ce constat, l'UCM demande la prolongation du droit passerelle pendant l'été, la publicité des outils de trésorerie développés par les Régions et une solution structurelle pour les loyers.


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