Il n'avait plus pointé le bout de son nez chez nous depuis 25 ans, lui, c’est un papillon. son nom : le Fadet de la Mélique, il Ie doit à un naturaliste allemand Moritz Balthasar Borkhausen qui le découvrit en 1788. Considéré comme éteint sur notre territoire, il a été observé fin juin au sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Le retour de cet individu dans son aire historique de répartition (son habitat naturel en somme) a probablement été favorisé par les températures chaudes des dernières années. L'espèce pourrait se réimplanter durablement en Wallonie. Hubert Baltus, naturaliste chez Natagora, nous explique toute l’importance de ce signalement.
« C’est une belle découverte dans le sens où, c’est une espèce qui était présente chez nous en Gaume il y a 25 ans. Toute espèce qui disparait et qui revient est une bonne nouvelle. Pourquoi est-elle revenue ? Il y a des raisons négatives comme le réchauffement climatique et il y a aussi des choses plus favorables, ce sont les aménagements de l’habitat naturel. »
La découverte a eu lieu à la fin du mois de juin dans un site que l'on ne peut pas nommer, mais pas si loin de chez nous finalement.
« C’est un naturaliste flamand qui a observé cette espèce dans la partie sud de l’Entre Sambre et Meuse. Il a mentionné sa découverte sur notre portail d’encodage en ligne qui est "observation.be". Cette découverte a été validée par des experts. Ensuite, il y a eu d’autres données puisque le bouche à oreille a bien fonctionné. Enfin, il y a eu d’autres observateurs. »
De naturalistes avertis !
Le Fadet de la mélique
Le fadet de la mélique (Coenonympha glycerion) est un petit papillon de jour de la famille des Nymphalidae. Au siècle dernier, il se retrouvait encore en Famenne, en Ardenne et en Lorraine. c’est un papillon qui aime les habitats que l’on dit maigres, riches en fleurs et peu productifs
« On va dire les prairies maigres de fauche, les pelouses calcaires, des pelouses thermophiles très chaudes qui se réchauffent très vite. C’est aussi un papillon qui aime bien les lisières de forêts ensoleillées.»
Il a disparu durant les années 1990 des sites qu’il occupait encore dans le sud de la Lorraine belge. Sa régression s’est matérialisée, comme bien souvent, par une contraction de son aire de répartition débutant sur ses limites extérieures, là où les conditions de vie sont moins adéquates.
La chaleur comme cause possible de son retour
Le retour du Fadet de la Mélique est fort probablement lié à l'amélioration des conditions climatiques chez nous. Il s’agit là d’une des réponses des espèces aux augmentations de température : le décalage progressif de leur aire de répartition vers des latitudes sous lesquelles elles retrouvent leur optimum.
« Difficile de dire si l’espèce pourra ou non se réimplanter durablement en Wallonie : il faudra ouvrir l’œil les années qui viennent. »
Ce retour est de bon augure aussi dans une région qui a bénéficié ces 20 dernières années d’importantes restaurations en faveur d’habitats ouverts semi-naturels, fruit du travail de plusieurs acteurs de conservation de la nature tels qu’Ardenne & Gaume, les Cercles des Naturalistes de Belgique, la Région wallonne et Natagora.
Tous les espoirs sont permis puisque cette découverte fait suite à celle de deux autres espèces : l’hespérie des potentilles en 2013 et de l’azuré du trèfle en 2008. Tous deux étaient également considérés comme éteints depuis plusieurs dizaines d’années puis ont fait un retour marqué suivi d’une réimplantation en Belgique.