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Sivry-Rance : Du bois communal acheté par la Chine

Jean-François Gatelier, le bourgmestre de Sivry-Rance, est inquiet pour la filière bois du cantonnement de Thuin. En effet, lors de la traditionnelle séance de vente de lots de bois, qui s'est déroulée hier matin, 95% d'entre eux ont été achetés par la Chine. Dès lors, une question est sur toutes les lèvres. Avec quel bois nos scieries vont-elles pouvoir travailler ? Interview de Jean-François Gatelier (cdH).

C’est une tradition. Chaque automne, la vente de bois communal, aux enchères, constitue une entrée d’argent importante pour le budget des communes. Notamment à Sivry-Rance, dont la vente a permis d’engranger cette année près de 600 000 euros. 4500 mètres cubes de bois vendus à la Chine.

« Les bois communaux, c’est du domaine public et ça doit donc se vendre publiquement : nous n’avons pas le choix. Cette année, on a fait une excellente vente, la meilleure en 15 ans. Tant mieux pour les recettes de la commune. Mais c’est interpellant puisque nous avons constaté que l’ensemble des lots ont été vendus à des sociétés qui revendent directement à la Chine. Des sociétés qui remplissent des containers, sur des porte-conteneurs qui font 14 000 kilomètres pour être transformés et sciés avec de l’électricité chinoise. Celle-ci est produite par des centrales à charbon. Puis les containers refont 14 000 kilomètres et sont vendus chez nous », explique Jean-François Gatelier (cdH), bourgmestre de Sivry-Rance.

 

Un désastre pour l’emploi et pour l’écologie

Si c’est une excellente nouvelle pour la commune, ce n’est donc pas le cas pour l’emploi wallon et pour l’écologie.

« Il y a une réflexion sur l’impact économique du secteur, puisqu’on perd de l’emploi. Ce qui n’est pas vendu ici, n’est pas scié et travaillé ici. Il n’y a donc pas d’engagements, d’emplois. Et il y a également un problème climatique et écologique. On demande aux citoyens de trier leurs déchets, de rouler en voiture électrique, etc. Et en dehors de ça, on alimente un secteur qui produit énormément de CO2. »

Un désastre que le bourgmestre ne peut cautionner. 

« Nous sommes dans une pertinence qui me dépasse ! Le gouvernement wallon doit mettre en place des mesures protectionnistes pour ces ventes. En Wallonie, je deviens le porte-parole des scieurs pour défendre le secteur. Il faut prendre rapidement des mesures. »

Pour le bourgmestre, il faut impérativement exploiter localement ce bois.

« En Wallonie, il nous reste cette ressource naturelle qu’est le bois. Nous n’avons pas de pétrole ni de gaz, et nous n’avons plus de charbon : il nous reste le bois ! Nous avons donc la possibilité de développer une filière du début de la matière première, jusqu’à la fin, en planches, en constructions de bois, … Il y a des entreprises de construction qui attendent cette matière. Il faut soutenir le secteur ! »

L’appel est lancé. Jean-François Gatelier espère que ce cri d’alarme sera entendu et que les prochaines ventes se dérouleront différemment. 

 


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