Ce lundi de Pentecôte, pour tous les gerpinnnois et pour tous les marcheurs, ça reste le jour-phare de la Sainte-Rolende. Comme toutes les marches, elle est annulée. Mais la décision a été prise de la célébrer autrement. De nombreux gerpinnois avaient décidé de quand même faire le Tour à pied en petits groupes. Car pour les Rolendiens, il était impossible de ne pas marquer le coup.Une de nos équipes a suivi le début de cette marche avant l’aube.
Il fallait être là pour l’heure du départ
Il est à peine trois heures du matin. La messe en l’honneur de Sainte Rolende aurait du commencer. Elle n’aura pas lieu. Mais quelques personnes sont pourtant déjà là. Impossible pour les Rolendiens de faire comme si de rien n’était.
« Je tenais à être là depuis le petit matin, témoigne l’une des nombreuses personnes présentes devant l’église Saint-Michel à cette heure matinale. En tant que gerpinnois, on ne peut pas faire autrement. Et c’est en solidarité avec ceux qui ne peuvent pas venir et qui regardent sans doute la messe à la télévision. »
Et dès avant trois heures, de petits groupes ont déjà entamé leur Tour pour éviter les rassemblements, et répartir les groupes sur le trajet.
Un départ au son des cloches
Pourtant, la majorité des dizaines de personnes présentes sur le parvis de l’église attend. Et à l’heure où la procession aurait du commencer, à 3h45, les cloches de l’église se mettent à sonner.
Les premiers départs s’étalent alors pour un tour sans uniformes complets, sans batterie et sans la châsse. Certains feront une partie du trajet entre deux ou plusieurs villages. Les plus courageux, eux, marcheront l’ensemble des 35 kilomètres du Tour.
« On le fait quand même en famille, explique l’une des participantes. On est nés dedans. Et tous les ans, c’est sacré pour nous. On ne peut donc pas rater une Sainte-Rolende, même malgré le Covid. Nos grands-pères ont marché à la Sainte-Rolende. C’est de génération en génération. On le fait donc pour eux aussi, puisqu’ils ne peuvent pas y assister cette année. »
Comme si la chasse passait dans chaque village
Et à Hymiée, la première étape, l’émotion est la même. Sur la place, les gens attendent. Mais soudain, un roulement déchire la nuit. L’hommage des tamboureurs. Ils sont une petite dizaine pour jouer juste quelques morceaux. Un hommage symbolique.
« On se devait d’être là, nous dit l’un d’eux. On a pu jouer un peu et c’est déjà très bien comme ça. On est heureux de pouvoir au moins jouer un peu dans notre village. Même si une Sainte-Rolende comme ça, c’est triste. »
Une édition atypique
Et la longue procession se poursuit. Par petits groupes à travers la campagne. Dans la dévotion, la réflexion, la tristesse ou la fête. Mais avec détermination. Dans chaque village, l’accueil est le même. La dévotion se concentre autour de l’église. C’est une marche sans marche. Mais dans l’esprit de Rolende.
« Ca représente énormément pour nous, témoigne encore un autre rolendien. Plein de gens participent. La marche ne peut pas se faire, mais on est là. C’est dans nos coeur et nos coutumes. »
Cette Sainte Rolende restera atypique. Une blessure au coeur des Rolendiens. Mais chacun aura tenté de la vivre à sa manière. Dès le petit matin.