Un mois après le dépôt d'une plainte de l'université Saint Louis de Bruxelles à l'encontre de l'UMons et l'Ulb, un débat avait lieu hier soir à Charleroi entre recteurs. Ils sont cinq à avoir répondu à l'invitation de l'université ouverte de la Fédération Wallonie Bruxelles. Ce débat a été organisé dans le cadre du salon de l'enseignement supérieur et de la promotion sociale. S'ils n'ont pas éludé leur actualité, les recteurs ont aussi parlé de l'avenir financier de leur enseignement et des synergies à mettre en place sur le territoire carolo.
Cinq recteurs réunis à Charleroi c’est une première. Une initiative de l’Université Ouverte de la Fédération Wallonie Bruxelles dans un contexte aux accents très politique. Le recteur de l'UMons Philippe Dubois reconnait que s'il a répondu à l'invitation c'est pour pouvoir, avec ses collègues, "donner de la résonance au mémorandum des recteurs des universités francophones, c’est à dire, vous vous en doutez, un financement juste à la juste valeur de ce qui doit revenir aux étudiants et aux chercheurs évidemment". Il manque 150 millions d’euros pour rattraper le retard des universités. C’est la somme que les recteurs réclament dans leur mémorandum.
Débat sur fond de plainte
L’argent le nerf de la guerre, un facteur de tension aussi. L'université Saint-Louis à Bruxelles a, en effet, introduit un recours par rapport à un bachelier organisé en collaboration entre l'UMons et l'Ulb sur le site de charleroi. Philippe Dubois rappelle qu'il "est dit que nous plongeons notre main dans l’enveloppe fermée, ce n’est pas vrai, il s’agit d’un crédit d’impulsion" de 400 000 euros par an pendant 6 ans. Un crédit d’impulsion dont le remboursement ira dans le pot commun. Mais visiblement cela ne plait pas. Certains voit aussi dans la plainte de l'université Saint Louis, une manoeuvre de l’UCLouvain, peut-être futur partenaire de Saint louis, vincent Blondel dément "ce que vous devez surtout voir c’est que l’UCL exprime sa volonté d’être présente à Charleroi. Demande une habilitation et lui permettre de s’impliquer de manière plus importante à Charleroi." Et ce sera chose faite bientôt puisque le ministre de l'enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt a accordé une habilitation et un crédit d'impulsion pour le développement d'un bachelier en informatique orientation sciences du vivant à Charleroi.
L'heure est à l'apaisement
Tout est bien, qui finit bien ? L’heure est en tout cas, à l’apaisement à l’entame du débat des recteurs d'hier soir. "Je pense que la concurrence entre universités est inutile en enseignement. En recherche, elle est bénéfique parce qu’elle pousse à l’excellence. Elle gaspille les deniers publics en enseignement, je le regrette, mais ça ne va pas changer notre engagement par rapport à charleroi" constate Yvon Englert, le recteur de l'Ulb". Et Naji Habra de l’UNamur ajoute :"le débat n’est pas à qui va mettre son drapeau ici, mais à apporter des formations qui répondent aux besoins. Nous sommes financés par le service public pour rendre un service public, nous n’avons pas à entrer dans une telle concurrence". Même son de cloche du côté de l'UCLouvain où Vincent Blondel estime "qu'une fédération de l'ensemble des acteurs pour que chacun trouve sa place sur le territoire de Charleroi afin de contribuer à son développement. L'Uclouvain comme les autres universités." Après ces déclarations le recteur de l'université Saint-Louis va sans doute se sentir bien seul. Quant à Charleroi courtisée par les universités, elle a probablement réussi son pari.